La presse sous le choc du «séisme» Le Pen

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La poussée des partis europhobes aux élections européennes, et en particulier celle du Front national, faisait la une de la presse européenne, lundi.

Le Front national de Marine Le Pen est désormais le «premier parti de France».

Le Front national de Marine Le Pen est désormais le «premier parti de France».

«Séisme politique», titre la «Frankfurter Allgemeine Zeitung». Le quotidien allemand des affaires fait sa une lundi, comme la quasi-totalité des médias germaniques, sur le triomphe du Front national (FN). «Cela va avoir des conséquences importantes. Le slogan «plus d'Europe» devrait être pris au sérieux», estime le journal.

Le quotidien populaire «Bild», le plus lu d'Allemagne, parle d'un «choc électoral en France». «Pour le président Hollande, c'est une débâcle», estime le quotidien conservateur «Die Welt», qui évoque un «séisme politique (...) En raison de cette catastrophe électorale, le président français, battu, se trouve de plus en plus affaibli. Cela devrait être encore plus difficile pour lui d'engager les réformes nécessaires», soulignait le quotidien.

«Tremblement de terre en France», analyse le journal italien de centre gauche «La Repubblica». Son confrère milanais de centre droit «Corriere della Sera» résume en trois mots: «Choc en France».

«Onde de choc»

«La victoire du Front national reste un choc qui va ébranler la France et l'Europe entière», écrit le quotidien français «Libération» (gauche). «L'onde de choc créée par le parti de Marine Le Pen dépasse largement les frontières nationales.» C'est «une menace réelle pour l'idée européenne», écrit-il.

«Le FN s'impose (...) comme le premier parti de France,» constate «Le Figaro» (droite). «Pour Marine Le Pen, c'est une victoire personnelle», car elle a «réussi, en incarnant un nouveau style, à faire tomber le premier obstacle à la progression du Front national, sa diabolisation», analyse-t-il.

Pour «L'Humanité», ce sont «les dégâts semés par une politique d'austérité qui renie toute référence aux valeurs de gauche» qui ont provoqué une «sanction sans appel».

Formations modérées

Le quotidien catholique français «La Croix» constate que «les formations modérées remportent les deux tiers des suffrages... L'extrémisme est loin d'être majoritaire dans les urnes».

Le quotidien régional français «La Dépêche du Midi» estime que «faire du Front national le premier parti de la République, c'est assurément un effet pervers de la démocratie, c'est surtout un choc politique et psychologique dont on se souviendra longtemps».

Son confrère «L'Est républicain» pense que «ce séisme redouté renvoie les formations de gouvernement à leur vacuité (et) jette l'opprobre sur l'idée que les démocrates du monde entier se faisaient de la France».

«L'Europe vire à droite»

Outre-Manche, le quotidien populaire conservateur «Daily Mail» observe que «Mme Le Pen mène la marche de l'extrême droite sur l'Europe». Son confrère des affaires, le «Financial Times», voit le FN «à la tête d'un tremblement de terre populiste».

Le quotidien britannique de centre droit «Times» insiste sur le triomphe de la formation britannique Ukip, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, europhobe et populiste, qui a toujours pris ses distances avec le FN français. «L'Ukip jubile tandis que l'Europe vire à droite», titre le journal, y voyant une «humiliation» pour le Premier ministre britannique David Cameron.

Forte sanction

Les partis traditionnels ont subi une «forte sanction», titre le quotidien espagnol «El Pais» (centre gauche), tandis qu'«El Mundo» (centre droit) souligne notamment la «débâcle» des deux principales formations espagnoles, le Parti populaire, au pouvoir depuis la fin 2011, et le Parti socialiste, principale force d'opposition.

«Le bipartisme souffre de son pire revers de la démocratie» revenue après la mort de Franco en 1975, renchérit le journal catalan «La Vanguardia».

Entre revers et débâcle

La radio portugaise Renascença (RR) souligne la venue d'un «Parlement européen le moins européiste» de son histoire.

Le quotidien autrichien «Kurier» note cependant que «le coup de barre à droite» annoncé en Europe a été «moins spectaculaire qu'annoncé». Le journal souligne entre autres les déboires du parti SNS, qui n'aura pas d'élu, dans la Slovaquie voisine de Vienne. Le SNS était justement l'un des partis sur lesquels comptait l'extrême droite européenne pour constituer un groupe à Strasbourg. (ats)

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