FranceVaste escroquerie immobilière à Marseille
Une escroquerie présumée aux placements immobiliers, dont sont victimes une majorité de chercheurs, pharmaciens, médecins et chirurgiens du sud de la France, a mis au jour une fraude portant sur plus d'un milliard d'euros, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Au total, plus de 300 victimes, qui se sont constituées parties civiles au dossier, ont été recensées par la juge d'instruction marseillaise Catherine Lévy, en charge du dossier. Les investigations ont révélé les pratiques abusives d'une société de conseil financier installée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), accusée d'avoir maquillé les dossiers à l'insu de ses clients.
«La plupart des souscripteurs se retrouvent confrontés à des niveaux d'endettement considérables. Les banques ont externalisé le montage des dossiers sans rencontrer les clients. Elles se sont déchargées de leurs tâches sur la société immobilière sans faire de simulation exacte des remboursements», a expliqué Me Jacques Gobert, le défenseur de l'Association des victimes de loueurs en meublés professionnels (ASDEVILMP), qui défend un nombre important de victimes.
Une information judiciaire contre X avait été ouverte en septembre 2008 pour «escroquerie en bande organisée, faux, usage de faux et exercice illégal de l'activité d'intermédiaire en opérations de banques» par le pôle économique et financier du parquet de Marseille suite à une dénonciation de la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances (Tracfin). La brigade financière de la police judiciaire de Marseille est chargée de l'enquête.
Les victimes ont été démarchées entre 2001 et 2008 par la société aixoise Apollonia, qui jouissait en apparence de toutes les garanties, notamment d'un partenariat sincère avec des promoteurs et de l'accord de grands noms du monde bancaire. Les contrats étaient souvent signés dans de luxueux hôtels. Les clients, auxquels on faisait miroiter un complément de retraite intéressant, ont été appâtés par les avantages fiscaux de la location en meublés professionnels (LMP). Les emprunts contractés, qui vont parfois jusqu'à 4 millions d'euros, ont été signés devant notaires.
Mais les victimes se sont heurtées au fil des ans à un déficit colossal et la plupart des investisseurs éprouvent aujourd'hui des difficultés considérables à rembourser les prêts souscrits. L'endettement moyen a été évalué, de source judiciaire, à quelque deux millions d'euros.
Claude Imbert, un chercheur marseillais, explique que «tout était en blanc: les demandes de prêts, les loyers, les montants. On a commis l'erreur de faire confiance à une connaissance. On a signé».
Un couple de Français d'origine suisse, gérants de la société, ainsi que trois commerciaux ont été mis en examen. Le principal gérant, âgé de 51 ans, qui jouissait d'un train de vie pharaonique, est toujours détenu à ce jour. Les autres ont été remis en liberté contre le versement de fortes cautions, qui vont de 300.000 euros à 1,5 million d'euros.
La justice enquête aujourd'hui sur une éventuelle complicité des banques, qui n'auraient pas vérifié la réalité de la situation financière des emprunteurs, et sur le rôle de trois notaires, dont le nom revient fréquemment dans la signature des actes.
Une perquisition a eu lieu début avril dans une agence du Crédit Mutuel de Marignane (Bouches-du-Rhône), indique le quotidien «La Provence» dans son édition de jeudi. Prises à la gorge, certaines des victimes ont même décidé de suspendre les paiements, mais certaines ont été assignées en remboursement par les banques. L'un des avocats de la société aixoise, Me Frédéric Monneret, évoque «une simple baisse de rentabilité du marché» et conteste la qualification d'escroquerie. (ap)