Le «non» danois, signe de la défiance envers l'UE

Actualisé

EuropeLe «non» danois, signe de la défiance envers l'UE

Pour certains, le "non" danois au référendum est l'un des nombreux symptômes d'un projet européen à la peine.

Nombreux sont les observateurs qui voient dans le vote danois un signe supplémentaire d'une fracture entre les opinions des citoyens et les instances et dirigeants européens. Le projet européen, soulignent-ils, est critiqué  à travers toute l'Union et sous diverses formes. (Image d'illustration - 3 décembre 2015)

Nombreux sont les observateurs qui voient dans le vote danois un signe supplémentaire d'une fracture entre les opinions des citoyens et les instances et dirigeants européens. Le projet européen, soulignent-ils, est critiqué à travers toute l'Union et sous diverses formes. (Image d'illustration - 3 décembre 2015)

La victoire du non au référendum danois témoigne de la crise dans laquelle s'enfonce l'Europe. L'Union européenne se retrouve menacée d'implosion par les divisions et le repli des opinions sur fond d'afflux migratoire, estiment experts et responsables européens.

Par 53,1% des suffrages, les Danois ont infligé jeudi un nouveau camouflet aux partis traditionnels, des sociaux-démocrates aux libéraux, qui leur demandaient d'entériner une participation approfondie aux politiques de justice et de police de l'union.

À quelques mois du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, cette consultation donne aux partenaires de Copenhague la mesure de la défiance populaire actuelle envers le projet européen.

«Nous voyons bien que dans certains pays l'opinion devient de plus en plus critique, nous devons prendre acte de ces signaux» sous peine de les voir se multiplier, a prévenu le ministre belge de l'intérieur, Jan Jambon, vendredi matin à Bruxelles.

Le premier ministre britannique David Cameron, qui a promis d'organiser son référendum d'ici à la fin 2017, est toujours engagé dans des négociations avec ses 27 partenaires pour obtenir les réformes qu'il juge nécessaires au maintien du Royaume-Uni dans l'UE.

Brexit

Deux sondages publiés en septembre par l'institut Survation, puis en novembre par l'institut ORB, donnaient pour la première fois une majorité de Britanniques en faveur d'une sortie du pays de l'UE.

Spectre du «Brexit», crise de la dette grecque, fronde de pays d'Europe de l'Est érigeant des murs sur la route des migrants, rétablissement des contrôles aux frontières pour maîtriser le flux des réfugiés et contrer la menace djihadiste, divorce grandissant entre Etats membres de la zone euro et les autres, poussée des mouvements souverainistes: l'idéal européen est en souffrance.

Pour Josef Janning, du centre d'études European Council on Foreign Relations à Berlin, les dossiers de discorde qui s'accumulent sur la table des 28 ne sont pas moins que les spasmes d'une Europe à l'agonie.

«Partout les partis populistes et nationalistes dans l'UE présentent le rapatriement de pouvoirs confiés à Bruxelles comme la solution aux problèmes, en niant les difficultés qui surgiraient d'un coup d'arrêt à l'intégration», souligne-t-il.

Une UE plus modeste

«À ce rythme, l'UE telle que nous la connaissons n'existera plus» d'ici à une dizaine d'années. «L'UE continuera de vivre, mais elle aura beaucoup moins de sens», prédit le chercheur.

Le premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays prend la présidence européenne en janvier, sonnait le tocsin fin novembre. A cause de la crise des migrants qui attisent ses divisions, l'Europe risque de s'écrouler comme l'Empire romain.

Au Danemark, le chef du gouvernement Lars Løkke Rasmussen a évoqué un «scepticisme considérable à l'égard du projet européen» chez les Danois. Il préconise une «UE forte là où elle peut vraiment agir», mais «plus modeste, au sein de laquelle les pays peuvent résoudre leurs problèmes à leur façon, plus efficacement».

Le président du groupe Venstre (parti libéral et pro-européen au pouvoir) au parlement danois, Søren Gade, a appelé à un «examen de conscience» dès lors «qu'une grande majorité de formations parlementaires prônent le oui et que les électeurs disent non».

Trois fois nej

Pour la troisième fois, sur huit consultations organisées par le royaume scandinave depuis le référendum sur l'adhésion en 1972, les électeurs ont donc exprimé un refus de rajouter au pot communautaire.

Le quotidien de gauche Politiken y voit l'expression des inquiétudes «liées au nombre croissant de réfugiés, conjuguées à un cocktail d'euroscepticisme et de profonde méfiance à l'égard des élus».

Eurosceptique, co-artisan depuis plus de dix ans des politiques d'immigration restrictives mises en place par les gouvernements de centre-droit comme de centre-gauche, le parti populaire danois (DF), premier parti de droite, apparaît comme le grand vainqueur du référendum.

Concrètement, le non signifie que le Danemark sortira dès 2016 d'Europol. Comme l'agence intergouvernementale chargée de la lutte contre le crime organisé, les trafics et le terrorisme devient supranationale, Copenhague s'en trouve exclu du fait de ses dérogations aux politiques communautaires. (nxp/ats)

(NewsXpress)

Ton opinion