Inondations en Europe centraleLa situation est toujours inquiétante
Le nord de l'Allemagne et la Hongrie redoublaient d'efforts vendredi pour contenir le danger d'inondations historiques.
D'autres régions d'Europe centrale découvraient l'étendue du désastre après la décrue, au moment même où sont articulées les premières estimations des coûts provoqués par les dégâts.
La catastrophe a fait au moins quatorze morts en Europe centrale, dont dix en République tchèque. Elle a aussi provoqué des dégâts considérables: habitations endommagées, usines inondées, infrastructures dévastées...
En Allemagne, le président de la chambre de commerce et d'industrie a rappelé que les inondations record de 2002 avaient coûté 11 milliards d'euros à l'économie. «Dans certaines régions, l'ampleur des dégâts devrait dépasser celle de 2002», a-t-il pronostiqué. La Fédération allemande des agriculteurs a évalué à plus de 300 millions d'euros les dégâts causés.
Ceux-ci devraient peser sur l'activité économique immédiate. Le patron de la fédération allemande de l'industrie craint ainsi que la reprise économique ne soit retardée. Mais, au-delà de l'impact à très court terme, le gouverneur de la Banque centrale autrichienne a jugé que les réparations pourraient avoir «un effet de croissance».
Nouvelles précipitations
Alors que la crue se déplaçait vers le nord, la situation était particulièrement inquiétante sur les bords de l'Elbe, et ses affluents. Des villes envahies ou menacées par les eaux ont été en grande partie évacuées. Les météorologues prévoient cependant encore d'importantes précipitations, en raison d'orages annoncés pour le week-end, notamment dans le sud de l'Allemagne.
En Basse-Saxe, les eaux continuent de monter, et le pic est attendu d'ici le milieu de la semaine prochaine. La Bavière en revanche commence à souffler. Le niveau des eaux recule, et le degré d'alerte pourrait être abaissé samedi matin.
Parallèlement, la solidarité financière a commencé à s'exprimer. Outre l'aide d'urgence de l'Etat allemand promise par la chancelière Angela Merkel, le monde du football a décidé d'apporter sa contribution.
Glissement de terrain
En Hongrie également, les flots continuaient à gonfler vendredi et trois communes à 50 km en amont de la capitale Budapest étaient isolées par les eaux. Dans un village à une centaine de kilomètres à l'ouest de la capitale, un glissement de terrain a affaibli la digue de protection, nécessitant la mobilisation de 400 soldats.
Quelque 10'000 Hongrois ont passé la nuit à travailler sur les digues de protection le long des 700 km du fleuve. Pour l'instant, 500 personnes environ ont été évacuées, mais ce chiffre pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliers.
Partout où l'eau commençait à se retirer, le plus souvent très lentement, l'heure était à l'évaluation des dégâts. En République tchèque, pays qui a payé le plus lourd tribut aux intempéries avec dix morts, les personnes évacuées commençaient à rentrer chez elles.
Deux nouveaux morts
Les inondations ont fait leurs neuvième et dixième victimes dans le pays. Deux jeunes hommes, probablement étrangers, se sont noyés en pratiquant le rafting sur la Vltava en crue, malgré de nombreux avertissements, a annoncé la police. Ils étaient sous l'emprise de l'alcool. Plusieurs autres personnes étaient toujours portées disparus vendredi en République tchèque.
En Slovaquie voisine qui déplore un mort, le haut de crue sur le Danube est passé jeudi par Bratislava sans faire de dégâts.
En Autriche, où le niveau des eaux baissait partout dans le pays, les agriculteurs craignaient le pire. «Si une telle inondation arrive une fois en dix ans, on n'a déjà pas de chance, mais nous avons été touchés en 2002, 2009, deux fois en 2012... Et cette année n'est pas encore terminée», a déclaré un agriculteur autrichien. (afp)
République tchèque: joie et désespoir de retrouver sa maison
Les Tchèques, victimes des inondations qui ont sévi dans leur pays depuis plusieurs jours, faisant au moins huit morts, ont commencé à retourner dans leurs maisons vendredi, certains désespérés en constatant les dommages, d'autres heureux d'avoir sauvé ce qu'ils ont pu. Cependant, parmi les 19'000 personnes qui ont été forcées de quitter leur domicile, nombre d'entre elles ne peuvent toujours pas y retourner après le déluge qui a fait au moins huit morts et cinq disparus à travers le pays.
A Horin, un village au confluent des rivières Vltava et de l'Elbe, dont 700 habitants ont été évacués mardi, Josef Mlejnek raconte à la télévision comment la vague de trois mètres a traversé le village, onze ans après les inondations dévastatrices de 2002 qui avaient fait 17 morts.
«Nous avons eu 4,5 mètres en 2002», a raconté cet homme en traversant le village à bord d'un bateau à moteur. «Beaucoup de maisons n'ont pas encore eu de façade refaite depuis la dernière fois», indique-t-il. En regardant sa maison sous l'eau, son voisin Pavel Petrus ne cache pas son désespoir: «les meubles, quand ils sont déjà secs, ils se fissurent de sorte qu'il faut les jeter, même les lits».
A Putim, un village inondé dans le sud du pays, Jiri Kozak a réussi à évacuer son zoo privé comprenant avant l'arrivée de la crue 50 espèces d'animaux, dont des perroquets, des serpents, des tortues et des kangourous. «J'avais peur que beaucoup d'animaux meurent. Je me disais que je devrais leur présenter mes excuses pour les avoir gardés ici», a-t-il dit sans dissimuler son émotion. «Grâce à Dieu, tout s'est terminé comme ça. Nous allons nettoyer, repeindre et aller de l'avant, à nouveau,» a ajouté M. Kozak en essuyant une larme.
Au total, 22'800 pompiers ont été déployés pour des travaux de sauvetage, dont environ 18'500 volontaires, a déclaré à l'AFP leur porte-parole Nicole Zaoralova.