Patras (GR)En Grèce, dans l'horreur des camps de réfugiés
Près de 3500 réfugiés rêvent d'Occident coincés dans un camp insalubre en Grèce. Deux d'entre eux ont été retrouvés morts mercredi. Reportage.
«J'ai essayé de passer dans le port. Un policier m'a roulé sur le pied avec sa moto.» Meti Ibrahim, un Afghan de 16 ans, raconte. Il a atterri dans le camp de Patras il y a deux mois. Comme 3500 illégaux, pour la plupart afghans, il trépigne et rêve de quitter le port grec et de s'embarquer pour l'Italie.
Le camp, sans eau courante ni électricité, se situe à cinq minutes en voiture des riches rues marchandes de la troisième ville de Grèce. Le contraste est saisissant. Une forte odeur se dégage des toilettes de fortune du bidonville. Des mères de famille qui vivent dans les immeubles modernes voisins remontent leurs foulards pour se boucher le nez quand elles doivent passer à côté. A l'intérieur de l'amoncellement de constructions provisoires, les réfugiés s'entassent à quinze ou vingt dans des tentes de trois mètres carrés pour passer la nuit. La Municipalité de Patras rejette la responsabilité de l'insalubrité sur le gouvernement grec, à qui elle reproche de ne pas réagir.
Mais, au-delà de l'insalubrité des lieux, c'est la sécurité des migrants qui est en jeu: «Toutes les semaines, des nôtres se font tuer», explique Meti Ibrahim. Mercredi, deux clandestins ont été retrouvés mort dans un ravin d'une île grecque. Des passeurs ont été arrêtés. Ils auraient frappé à mort leurs clients à cause d'une dispute sur le forfait. Certains réclament 5000 euros (7700 fr.) pour mener les réfugiés de l'autre côté de l'Adriatique.
En début de semaine, un réseau de passeurs a été démantelé. Il comprenait des policiers et des gardes-côtes qui faisaient transiter les Afghans par ferry, cachés pendant huit heures dans des sièges ou des moteurs de voitures.