L'homme interpellé a été condamné en 1998

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Tireur de ParisL'homme interpellé a été condamné en 1998

Une personne ressemblant beaucoup à l'homme qui a ouvert le feu à Paris, a été interpellée, mercredi, en début de soirée. Ce suspect avait déjà eu maille à partir avec la justice.

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ats/afp/cbx

Un homme présentant une «forte ressemblance physique» avec le tireur à l'origine d'attaques dans la capitale française a été placé en garde à vue mercredi soir, à l'issue de près de trois jours de traque et un appel à témoins. Il s'agit d'une piste très sérieuse, selon plusieurs sources policières.

Selon une information de BFMTV, cet homme, Abdelhakim D., a été condamné en 1998 pour association de malfaiteurs. Il avait été mêlé à l'affaire Rey-Maupin, des noms de ce jeune couple qui avait tué cinq hommes, dont trois policiers, en 1994.

Le suspect a été repéré vers 19H00 (18H00 GMT) dans un parking souterrain de Bois-Colombes (banlieue nord-ouest de Paris), a annoncé dans la soirée le parquet de Paris.

Il a été trouvé par les enquêteurs dans un véhicule stationné dans un parking public situé sous un immeuble d'habitation, le long de la voie ferrée près de la gare. Vers 21H00 (20H00 GMT), la rue était barrée par des policiers, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le logeur du suspect aurait parlé

Cette interpellation est consécutive à un témoignage recueilli au commissariat de Courbevoie (banlieue ouest). Selon une source proche de l'enquête, c'est l'homme qui l'hébergeait qui aurait contacté la police. «Il lui aurait confié, en évoquant l'affaire du tireur, 'j'ai fait une connerie», a expliqué cette source.

L'homme interpellé, âgé de 52 ans, n'était toutefois pas en mesure d'être entendu et a été transféré, selon des sources policières, dans un hôpital de la région parisienne dans le cadre d'une garde à vue médicalisée.

«Il a été évacué par le Samu» (Services d'urgence), a déclaré le maire de Bois-Colombes, Yves Révillon, à quelques journalistes devant le parking.

Selon plusieurs sources proches de l'enquête, l'homme se trouvait dans un état de «semi-inconscience, sans doute suite à la prise de médicaments, qui peut laisser penser à une tentative de suicide».

ADN prélevé

C'est la première personne placée en garde à vue depuis le début de la traque qui a suivi l'agression à la chaîne de télévision BFMTV vendredi, qui n'avait donné lieu jusqu'ici, malgré un appel à témoin et la diffusion d'images du suspect, qu'à quelques contrôles sans suite.

Les enquêteurs ont prélevé un échantillon ADN sur le suspect qui est en cours d'analyse, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

Le profil génétique du tireur ayant déjà été établi, les résultats de cette analyse devraient être transmis aux policiers dans un délai d'environ quatre heures pour incriminer ou innocenter ce suspect.

L'ADN identifié sur plusieurs scènes de crime doit permettre de vérifier s'il s'agit bien du tireur.

Les analyses des empreintes génétiques ont permis aux enquêteurs d'acquérir la certitude qu'un même homme est l'auteur de l'attaque de lundi au quotidien Libération, où un assistant photographe a été grièvement blessé, des tirs qui ont suivi, sans faire de victime, devant la banque Société Générale à La Défense (banlieue ouest) ainsi que d'une prise d'otage d'un automobiliste dans la foulée.

«L'ADN mis en évidence sur les douilles libérées à Libération et à la Société générale ainsi que sur la portière passager du véhicule de l'otage est le même. L'hypothèse d'un auteur unique est donc confirmée», avait déclaré à l'AFP mercredi le procureur de Nanterre, Robert Gelli.

Un seul homme

Les enquêteurs étaient déjà persuadés d'avoir affaire au même homme, y compris pour l'agression de vendredi au siège de la télévision d'information en continu BFMTV, au cours de laquelle l'homme n'avait toutefois tiré aucun coup de feu.

Depuis l'appel à témoin et les premières images du suspect diffusées lundi par les enquêteurs, des centaines de témoignages ont été recueillis par la police.

Photo précise

Une photo, plus nette que les précédentes, a été diffusée mardi après avoir été extraite des images de vidéosurveillance de la RATP, la compagnie de transports en commun de Paris. Le suspect au visage rond y apparaît de face, bonnet enfoncé sur le front et bouche entrouverte.

Sur cette image, prise après l'attaque contre Libération, il s'est changé, troquant sa doudoune sombre sans manches du matin pour une veste rouge à col noir. Cela a fait dire aux enquêteurs qu'il s'agissait d'un «malin» qui «connaît sans doute les codes de la bonne cavale», selon une source policière.

Homme déterminé

Des experts interrogés par l'AFP évoquent un homme déterminé, solitaire et organisé, au comportement plus rationnel qu'il n'y paraît au premier abord.

Âgé de 35 à 45 ans, de type européen, et mesurant entre 1,70 m et 1,80 m, l'homme a surgi lundi matin à Libération armé d'un fusil à pompe à crosse et canon sciés.

Le jeune assistant photographe qu'il a blessé au thorax et à l'abdomen, «a pu être réveillé et sevré de ventilation artificielle», selon l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, mais doit encore rester «en réanimation pour une surveillance clinique».

Retour sur les faits

Lundi matin, cet homme s'est rendu au coeur de Paris au siège du quotidien Libération. Là, il a sorti son fusil et a tiré deux fois, blessant grièvement un photographe assistant de 23 ans.

Une heure et demie plus tard, au moment où des mesures de sécurité étaient prises dans tous les grands médias à Paris, le tireur a déchargé son arme sur la façade d'une banque dans le quartier des affaires de La Défense, dans la banlieue ouest de la capitale.

Il a ensuite pris en otage un automobiliste, lui ordonnant de le conduire dans une avenue adjacente des Champs-Elysées. Selon certains médias, cet automobiliste, à qui l'individu avait intimé l'ordre de ne rien dire à la police, est rentré chez lui, ne prévenant que tardivement les forces de l'ordre de sa brève prise en otage. Selon son témoignage, l'homme lui a affirmé "sortir de prison, être prêt à tout, et avoir une grenade" dans son sac.

Vendredi, c'est au siège de la chaîne BFMTV qu'un homme armé avait fait irruption dans le hall, ne tirant toutefois pas de coup de feu.

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