Mannequin morte: «le milieu de la mode n'est pas responsable»
Le monde de la mode a été touché par le décès, en début de semaine, d'une jeune mannequin anorexique de 21 ans. Le milieu rejette toutefois toute responsabilité.
«La mode n'est pas responsable pour la quête de maigreur», a affirmé jeudi soir la maison Chanel à Paris. Le fait est, cependant, que les filles des magazines sont de plus en plus minces depuis une quarantaine d'années. «La mode est une conséquence des modifications sociales. Non la cause», ajoute Didier Grumbach, président de la Fédération de mode française.
Ces modifications sont toutefois à l'origine de nombreux décès. En France, 4% de la population, soit 40.000 à 50.000 personnes, souffrent d'anorexie ou de boulimie. 90% sont des femmes ou des filles, dont «10% vont mourir» des suites de leur maladie, selon Philippe Jeammet, specialiste parisien des troubles du comportement alimentaire. «L'anorexie est un véritable problème social», confirme-t-on chez Chanel.
Des pommes et des tomates
«J'espère que son histoire servira d'enseignement à d'autres filles», a dit la mère de la mannequin défunte au quotidien «o Globo». Peu avant sa maladie, Ana Carolina avait dû arrêter de travailler sur le catalogue Armani qu'elle préparait, parce qu'elle était devenu trop mince et trop faible, en ne pesant que 40 kg pour 1m74.
Depuis quelques temps, elle ne se nourissait plus que de pommes et de tomates. Un infection anodine s'est ainsi rapidement développée et à notamment conduit à des défaillances rénales. Sa mère se plaint du peu d'efforts faits par les agences pour aider sa fille.
Elles doivent résister à la faim
Les agences rejettent cependant la responsabilité sur les créateurs de mode, dont les modèles exigent des mannequins toujours plus minces. Les agences n'ont pourtant pas accepté de respecter l'indice de masse corporelle (IMC) minimum de 18, évoqué en septembre dernier à Madrid.
Les agences ne mettraient d'ailleurs jamais leurs filles sur une balance, mais ne prendraient en considération que l'aspect extérieur. La norme veut toutefois que le tour de hanches ne dépasse pas 90 centimètres. Souvent une véritable performance de résistance à la faim, pour les femmes de plus de 1m80.