AllemagneLe parti des Pirates réfute les critiques
Le jeune parti allemand, très en vogue, a rejeté samedi les accusations d'indulgence envers les néonazis lors de son congrès fédéral.

Les Pirates ont tenu samedi leur congrès fédéral à Neumünster
Le parti allemand des Pirates n'a pu éviter samedi la polémique sur sa perméabilité aux idées d'extrême droite, qui le met à la Une autant que les sondages flatteurs. La formation politique a tenu son congrès fédéral à Neumünster, dans le nord du pays.
«Nous étions jeunes, mais nous avons écrit un chapitre de l'Histoire», a clamé l'une des figures du parti, Marina Weisband, dans son discours d'ouverture, faisant allusion aux spectaculaires et récents succès électoraux. Quelque 1300 militants étaient réunis dans un immense hangar. Certains avaient passé la nuit sur place, dans des sacs de couchage.
Le Schleswig-Holstein en ligne de mire
La localité choisie pour cette réunion de deux jours ne doit rien au hasard, puisqu'elle se trouve dans l'Etat régional du Schleswig-Holstein, qui vote le 6 mai. Ce Land rural, pauvre et peu peuplé pourrait être le troisième à voir les Pirates entrer au Parlement régional, après Berlin et la Sarre, et peut-être avant la riche et industrielle Rhénanie du Nord-Westphalie.
Le parti fondé en 2006 est crédité de 9% des intentions de vote au niveau fédéral, ce qui en ferait la quatrième force politique en Allemagne, devant la gauche radicale (Die Linke) et sur les talons des Verts, selon un sondage pour la chaîne de télévision publique ZDF rendu public vendredi.
Tollé
Le but officiel du congrès, rythmé par des votes à main levée avec de petits cartons de couleurs, est d'élire une nouvelle direction.
Mais les débats, devant une assemblée studieuse et majoritairement masculine, dont les regards se partagent entre la tribune des orateurs et les écrans omniprésents des ordinateurs portables, sont assombris par une polémique sur le rapport aux idées d'extrême droite d'une formation qui veut garantir une absolue liberté de langage.
Dérapages sur Facebook
Certains Pirates occupant des responsabilités locales, voire nationales, ont ainsi critiqué sur Facebook le montant des subventions publiques accordées au Conseil central des Juifs d'Allemagne, jugé «légitime» l'invasion de la Pologne par Hitler ou encore utilisé publiquement le terme de «juiverie internationale», associé à l'idéologie nazie.
L'un des chefs de file du parti à Berlin, Martin Delius, a provoqué un tollé en déclarant au magazine «Der Spiegel»: «La montée du parti des Pirates est aussi rapide que celle du NSDAP (parti nazi) entre 1928 et 1933».
La gauche placarde
Dans un entretien avec l'AFP, Mme Weisband s'est dite «très irritée» par cette polémique, et en particulier par une initiative de Die Linke. Le parti de gauche radicale, débordé dans les sondages par les Pirates, a placardé aux abords du congrès des affiches portant le slogan: «Ne donnez pas vos voix aux nazis».
«C'est en-dessous de la ceinture», juge la très médiatique Pirate, qui ajoute: «Nous sommes aussi éloignés de l'extrême droite que possible, cela figure dans nos statuts», selon lesquels le parti «rejette toutes tendances totalitaires, dictatoriales et fascistes.»
Tentatives d'exclusion d'un membre gênant
Le parti des Pirates essaye depuis 2009 d'exclure un membre, Bodo Thiesen, qui a recommandé publiquement les ouvrages d'un auteur négationniste, mais n'y est pas parvenu jusqu'ici, en partie à cause d'erreurs de procédure.
L'actuel chef du parti, Sebastian Nerz, qui brigue un nouveau mandat à sa tête, a rétorqué que de son point de vue il n'y avait «pas besoin d'une prise de position de plus» contre l'extrême droite. «Nous sommes mis sous pression pour le faire, mais nous ne sommes pas obligés de plier», a-t-il dit à l'AFP. (ats)