PristinaDémoralisés, les Kosovars prennent la route de l'exil
Des centaines de jeunes ont fui leur pays la semaine dernière. Leur but: rejoindre illégalement l'Allemagne et la Suisse.
Après trois mois de blocage politique, le Kosovo s'est doté la semaine dernière d'un nouveau gouvernement, avec à sa tête Ramush Haradinaj, un ancien chef rebelle accusé de crimes de guerre par la Serbie lors de la guerre d'indépendance de 1998-1999.
Ce virage politique a créé une véritable hémorragie parmi la jeunesse kosovare. En deux jours, ils ont été plusieurs centaines à se ruer sur les autocars se rendant à Belgrade. Leur espoir? Rejoindre un pays d'Europe de l'Ouest, notamment la Suisse et l'Allemagne via la Hongrie, membre de l'UE. Le Kosovo est le dernier pays du continent qui est encore soumis au régime des visas. C'est donc dans l'illégalité que beaucoup de ces migrants entendent franchir les frontières, afin de travailler au noir ou d'obtenir l'asile. Jeudi, les autorités ont tenté de bloquer ce mouvement en suspendant la ligne Pristina-Belgrade. Mais certains ont alors pris la route en taxi.
La détermination des candidats à l'exil est à la hauteur de leur désespoir. A l'heure de quitter leur pays, la plupart évoquent le manque de perspectives, notamment professionnelles. «Ce sont tous des voleurs ici, du premier au dernier», explique un homme de 25 ans, resté anonyme. Selon des chiffres récents, 61% des 15-25 ans sont actuellement sans travail.
L'histoire se répète
Sommes-nous face au même phénomène qu'avait connu le pays entre décembre 2014 et février 2015? La similitude est troublante. A l'époque, le Kosovo avait aussi vu arriver au pouvoir une coalition menée par d'anciens rebelles indépendantistes. Ce contexte politique avait entraîné un véritable exode: entre 70'000 et 100'000 personnes avaient quitté le pays en l'espace de trois mois.