Affaire KarachiHortefeux prévient: «Ta femme balance»
Brice Hortefeux a prévenu Thierry Gaubert, mis en examen jeudi pour recel d'abus de biens sociaux, que sa femme «balançait beaucoup», détaillant notamment des voyages en Suisse en 1995.

Brice Hortefeux, à gauche, aurait prévenu Thierry Gaubert de l'avancée de l'enquête.
L'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, conseiller du président français, a téléphoné le 14 septembre à Thierry Gaubert pour le prévenir que sa femme «balance beaucoup» devant le juge chargé de l'enquête, selon le journal «Le Monde».
Pour le quotidien, cette conversation interceptée par la police prouve que Brice Hortefeux a eu accès aux déclarations sur procès-verbal d'Hélène de Yougoslavie alors même qu'elles n'étaient pas encore versées au dossier d'instruction.
«Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien», répond M. Gaubert. «Ça m'embête de te le dire par téléphone […]. Il y a beaucoup de choses, hein», assure l'ex-ministre de l'intérieur.
M. Hortefeux aurait ainsi eu accès aux déclarations d'Hélène de Yougoslavie, la femme de Thierry Gaubert. «Je te raconterai, poursuit-il, mais ils ont énormément de choses […]. T'as eu Bazire, parce que visiblement, il est lui dedans, dans cette histoire.»
La femme de Thierry Gaubert a détaillé lors d'une audition les voyages en Suisse, en 1995, de ce proche du chef de l'Etat, et les espèces qu'il aurait remises ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur de la campagne d'Edouard Balladur.
Syndicats de magistrats indignés
Les syndicats de magistrats et plusieurs responsables politiques se sont également insurgés que la présidence française ait pu affirmer, dans un communiqué officiel, que «le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier».
«Un tel dérapage est proprement surréaliste de la part d'une présidence d'un pays démocratique. L'Elysée aurait-il eu accès, comme dans une république bananière, aux pièces d'une procédure judiciaire en cours ?», s'est interrogé le député Nicolas Dupont-Aignan (droite souverainiste).
L'opposition de gauche déplorait également ce qu'elle considère comme une atteinte à la séparation des pouvoirs.
L'ancien Premier ministre Edouard Balladur, l'un des mentors en politique de Nicolas Sarkozy, pourrait être prochainement entendu par la justice. Il n'a pas réagi aux derniers événements, mais en avril 2010, il avait démenti tout agissement illicite.
Des soupçons planent de longue date sur le financement de sa campagne. Dès 1995, les experts du Conseil constitutionnel avaient préconisé, mais en vain, le rejet de ses comptes de campagne.
Un ex-employé de la cellule trésorerie de M. Balladur, Alexandre Galdin, a raconté vendredi à la radio RTL qu'il avait à l'époque porté à la banque une vingtaine de valises remplies d'argent liquide.
(cga/afp)