Interdire à Trump l'entrée dans notre pays?

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SuisseInterdire à Trump l'entrée dans notre pays?

Une pétition en ligne a été lancée lundi matin et demande que le président américain ne puisse pas se rendre en Suisse. Plus de 1400 personnes l'avaient signée lundi soir. Les politiciens sont sceptiques.

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B. Zanni/ofu
Donald Trump s'est attaqué l'une des initiatives les plus emblématiques de son prédécesseur Barack Obama: le rapprochement avec Cuba, entamé fin 2014. Il annonce annuler cet accord «avec effet immédiat» qui consacrait le rapprochement diplomatique des deux pays après plus de 50 ans de gel diplomatique. Il promet «un meilleur accord pour les Cubains». (Vendredi 16 juin 2017)
L'administration Trump a publié sa feuille de route pour diminuer la règlementation bancaire en recommandant notamment un allègement des tests de résistance des grandes banques, selon un rapport publié par le Trésor. (Lundi 12 juin 2017)
Donald Trump continue sa guerre contre James Comey, accusant l'ex-chef du FBI  de lâcheté pour avoir fait fuiter à la presse des notes compromettantes sur leurs rencontres privées, (Dimanche 11 juin 2017)
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Donald Trump s'est attaqué l'une des initiatives les plus emblématiques de son prédécesseur Barack Obama: le rapprochement avec Cuba, entamé fin 2014. Il annonce annuler cet accord «avec effet immédiat» qui consacrait le rapprochement diplomatique des deux pays après plus de 50 ans de gel diplomatique. Il promet «un meilleur accord pour les Cubains». (Vendredi 16 juin 2017)

AFP

Le décret anti-immigration de Trump, qui interdit actuellement aux ressortissants de sept pays musulmans d'entrer aux Etats-Unis, a suscité une vague de critiques et d'indignation à travers le monde entier. Lundi, plus d'un million de personnes résidant au Royaume Uni avaient ainsi signé une pétition pour s'opposer à la visite d'Etat prévue cette année au Royaume Uni de Donald Trump.

Comme le révèle mardi «20 Minuten», Donald Trump s'est également fait des ennemis en Suisse. Lundi soir, plus de 1400 personnes avaient signé une pétition en ligne de Campax, demandant qu'il ne puisse pas entrer en Suisse. «Vous êtes une persona non grata et jusqu'à nouvel ordre vous n'êtes plus le bienvenu en Suisse», écrit l'organisation, qui estime que le décret signé par Trump est «intolérable» parce qu'il viole la dignité humaine et la liberté des religions.

«De graves conséquences pour de nombreuses personnes»

Contacté, le président de Campax, Andreas Freimüller, explique: «La politique de Trump peut avoir de graves conséquences pour de nombreuses personnes du monde entier.» Il demande au Conseil fédéral de laisser pour une fois sa timidité de côté et de faire comprendre aux politiciens «qui font de la m... pareille», qu'ils ne sont pas les bienvenus dans notre pays.

Reste que tant les politiciens de droite que de gauche sont sceptiques quant à la pétition en ligne: «La Suisse doit parler avec tous les gouvernements du monde, même si ce sont des mauvaises personnes qui sont au pouvoir. Et même si nous n'acceptons pas la politique de Trump, nous devons chercher le dialogue avec lui», estime ainsi le conseiller national Tim Guldimann (PS/ZH).

Selon lui, seuls les dialogues sont capables de résoudre les conflits de ce monde. Il se dit néanmoins content que des personnes se mobilisent contre Donald Trump. «Je crains qu'on ne soit qu'au début d'une politique absurde et dangereuse.»

«Nos autorités doivent chercher le dialogue»

Même son de cloche auprès de Sibel Arslan (Verts/BS). La conseillère nationale comprend que des gens souhaitent agir. Elle pense néanmoins que la revendication de la pétition est inappropriée. «Prôner l'exclusion en réponse à une exclusion ne sert ni aux pays musulmans ni à la Suisse et ni aux Etats-Unis.» La Bâloise pense plutôt que notre pays doit critiquer la mesure décidée par le président des Etats-Unis. «Nos autorités doivent chercher le dialogue et essayer à tout prix de le raisonner.»

Le conseiller national David Zuberbühler (UDC/AR) ne cautionne pas non plus la pétition en ligne. «La Suisse doit se comporter le plus neutre possible. Ce n'est pas son rôle que de placer un président élu de manière démocratique sur une liste noire.» Le conseiller national Walter Müller (PLR/SG) ajoute: «Déclarer Donald Trump comme persona non grata serait un faux pas diplomatique.» Selon lui, la Suisse devrait plutôt prendre des mesures concrètes pour lutter contre la discrimination de personnes.

«Dans la mauvaise direction»

Contacté, le Conseil fédéral ne souhaite pas prendre position par rapport à la pétition en ligne. Le porte-parole André Simonazzi renvoie à une prise de position de Didier Burkhalter. Dimanche, le ministre des affaires étrangères avait affirmé que le décret de Trump allait «clairement dans la mauvaise direction».

L'ONU et l'Europe inquiètes face à Trump

«Je pense que Trump est une menace»

Marco Steenbergen*, Donald Trump n'a pas chômé et a suscité une vague de critiques au niveau international. Cela vous surprend?

Non, pas vraiment. Trump est un homme d'affaires qui a promis de gérer le pays comme une entreprise. Et c'est exactement ce qu'il fait. Il règne tel un CEO par le biais de décrets présidentiels, sans s'être concerté au préalable avec le congrès ou le département de la justice.

Trump agit sans se soucier d'évenuels pertes. Est-ce que ça peut continuer comme ça?

Je doute qu'il puisse emprunter ce chemin encore longtemps. Jusqu'à présent, il a simplement contourné le congrès. Je ne pense pas que les députés et les sénateurs vont accepter cela encore longtemps. Malgré tout, je pense que Trump n'est pas capable de changer de direction. Nous le voyons tel qu'il est. Penser qu'il deviendra plus modéré c'est de la poudre aux yeux.

A quel point Donald Trump est-il dangereux pour les Etats-Unis et le monde?

Je pense que Trump est une menace. Sa manière de diriger va pousser jusqu'à ses limites le système politique. La relation entre les Etats-Unis et l'Europe va se dégrader.

Guerre déclarée aux médias et décisions de justice ignorées: les Etats-Unis deviendront-ils sous Trump un Etat totalitaire?

Il existe des signaux inquiétants. Mais ce ne sont que des étapes d'une évolution qui est en marche depuis un certain temps déjà. Le parti de Trump a pris des décisions qui ont d'ores et déjà rendu la vie difficile à certains groupes de la population, notamment en ce qui concerne le droit de vote.

*Marco Steenbergen a étudié les sciences politiques et est professeur en méthodologie des sciences politiques à l'Uni de Zurich.

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