BangladeshL'émissaire suisse a rencontré des Rohingyas
La Suissesse Christine Schraner Burgener veut des «mesures concrètes» pour préparer le retour des centaines de milliers de réfugiés en Birmanie.
L'émissaire suisse de l'ONU s'est rendue pour la première fois au Bangladesh.
De samedi à lundi, la diplomate suisse a notamment rencontré à Dacca la Première ministre Sheikh Hasina, son ministre des Affaires étrangères et le chef des services de renseignement, a précisé mardi l'ONU. Elle a également visité le camp de Kutupalong. Elle s'est dit «profondément émue» par la force de ces réfugiés et a appelé à davantage d'assistance internationale.
En moins d'un an, plus de 700'000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas ont fui les violences en Birmanie pour rejoindre cette zone. Les abus des droits de l'homme ont été qualifiés de «modèle de nettoyage ethnique» ou de «suspicion de génocide» par l'ONU.
Au terme de sa visite, qui a suivi une première en Birmanie il y a quelques semaines, Mme Schraner Burgener a souhaité une application «dès que possible» les protocoles d'accord récents entre l'ONU et chacun de ces deux pays. Ceux-ci doivent s'accompagner d'autres mesures pour atteindre un environnement favorable pour un retour «volontaire», «sûr» ou encore «durable» des réfugiés.
L'accord signé début juin avec la Birmanie avait été ciblé récemment par la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Birmanie Yanghee Lee. Cette experte indépendante s'était dite «consternée» par l'attitude des deux agences onusiennes qui l'ont conclue.
Visite en septembre en Birmanie
Elle avait déploré notamment l'absence de reconnaissance des Rohingyas «comme réfugiés et comme Rohingyas» et leur exclusion des discussions. Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a lui admis à plusieurs reprises que les conditions de retour des réfugiés ne sont pas encore réunies.
Outre ces accords, Mme Schraner Burgener a répété l'importance que les responsables des crimes perpétrés soient rendus responsables. Elle souhaite l'application des recommandations de la Commission qu'avait dirigée l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.
Notamment l'attribution d'une identité et de droits aux Rohingyas. Les autorités birmanes ont toujours jusqu'à présent rejeté de leur côté toute citoyenneté systématique pour les membres de cette minorité musulmane. Le lancement d'une Carte de vérification nationale (CVN), que les autorités birmanes sont accusées d'imposer aux Rohingyas restés sur leur territoire, avait été ciblé par le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein.
Le bureau principal de soutien au mandat de Mme Schraner Burgener doit être établi prochainement à Naypyidaw, en Birmanie. Celle-ci doit ensuite s'exprimer devant le Conseil de sécurité la semaine prochaine à New York, avant de mener une nouvelle visite début septembre en Birmanie. (nxp/ats)
Journalistes cagoulés et privés de sommeil
Deux journalistes de l'agence Reuters en Birmanie ont été cagoulés et privés de sommeil après leur arrestation alors qu'ils enquêtaient sur un massacre de membres de la minorité musulmane rohingya, a raconté mardi l'un d'entre eux devant un tribunal.
Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, des Birmans travaillant pour cette agence de presse, sont accusés par la police de détention de documents classés secrets relatifs aux opérations des forces de sécurité en Etat Rakhine, une région de l'ouest théâtre du drame rohingya, qui relèvent, selon l'ONU, de «l'épuration ethnique». En détention préventive depuis décembre 2017, ils encourent jusqu'à 14 ans de prison.