Espionnage aux USALe FBI lance une enquête pénale contre Snowden
Le directeur du FBI a confirmé jeudi qu'une enquête pénale avait été lancée contre Edward Snowden, l'ex-employé de la CIA à l'origine des fuites sur les programmes de surveillance américains.
«Il fait l'objet d'une enquête pénale en cours. Ces fuites ont causé des dommages importants à notre pays et à notre sécurité. Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour que cette personne soit tenue responsable pour ces fuites», a déclaré Robert Mueller lors d'une audition devant la Chambre des représentants américaine.
«Cette affaire faisant l'objet d'une enquête, nous ne pouvons nous exprimer publiquement sur les détails» des investigations en cours, a-t-il ajouté.
M. Mueller a aussi affirmé que le programme de récolte de toutes les données d'appels téléphoniques aux Etats-Unis, mis en place en 2006, aurait permis, s'il avait été lancé plus tôt, de capturer l'un des participants aux attentats du 11 septembre 2001.
En 2001, une maison au Yémen avait été repérée par le renseignement américain, mais celui-ci n'avait pas les moyens de déterminer quels numéros l'appelaient, notamment celui d'un des futurs participants aux attentats, déjà installés aux Etats-Unis dans la région de San Diego.
«Si nous avions eu ce programme en place à l'époque, nous aurions été capables d'identifier ce numéro de téléphone spécifique à San Diego», a déclaré M. Mueller.
«Nous aurions repéré le numéro de téléphone à San Diego, approfondi la procédure judiciaire et identifié Al-Mihdhar», le nom de ce preneur d'otages.
«Nous reconnaissons que le public américain attend du FBI et de ses partenaires des agences de renseignement que nous protégions la vie privée tout en conduisant nos missions relatives à la sécurité nationale. La cour Fisa a approuvé ces deux programmes, et ces programmes ont été menés en respect du droit américain», a-t-il aussi insisté, reprenant la défense de l'administration de Barack Obama.
Les deux programmes (récolte des données téléphoniques aux Etats-Unis, et interception des communications sur internet à l'étranger) sont autorisés régulièrement par une cour secrète, dite «Fisa», dont les décisions sont confidentielles.
(afp)
Les programmes de surveillance pointés par l'ONU
«Des préoccupations ont été exprimées au sujet des régimes de surveillance adoptés par certains Etats sans garanties suffisantes pour protéger le droit des individus à la vie privée», a déclaré la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, lors d'une conférence de l'ONU sur la lutte antiterroriste. Elle a estimé que de telles pratiques -- ainsi que d'autres mesures répressives -- sont «contre-productives» et peuvent provoquer «la rage et le désespoir», ainsi qu'«un sentiment d'injustice et de persécution».
Ses propos interviennent alors le directeur du FBI, Robert Mueller, a confirmé jeudi qu'une enquête pénale avait été lancée contre Edward Snowden, l'ex-employé de l'agence d'espionnage américaine NSA à l'origine des fuites sur les programmes de surveillance américains.
Le chef de l'Agence nationale de sécurité (NSA), le général Keith Alexander, avait vigoureusement défendu mercredi les programmes de surveillance des communications révélés par un ex-consultant de 29 ans, Edward Snowden, réfugié à Hong Kong. Le général Alexander avait assuré que ces programmes avaient permis de déjouer «des dizaines» d'actes terroristes. Néanmoins, Mme Pillay n'a pas été la seule à s'en prendre -- sans toutefois mentionner de pays -- à ces programmes de surveillance.
Le chef de la diplomatie suisse a également affirmé jeudi que la lutte contre le terrorisme ne doit pas permettre aux administrations d'empiéter sur la sphère privée des citoyens. «Aurons-nous une meilleure société si les honnêtes citoyens sont constamment sous la loupe des administrations avec tous les excès que cela peut engendrer? Certainement pas, la Suisse en est convaincue!», a affirmé Didier Burkhalter.
«Nous devons (...) nous rappeler que la recherche de la sécurité ne doit pas empiéter à l'excès sur le droit à la protection de la sphère privée, un fondement de la liberté individuelle», a-t-il aussi dit. Il a aussi souligné l'importance du respect des droits de l'Homme et de l'Etat de droit comme valeurs fondamentales dans le combat contre les terroristes.
Cette semaine, la Suisse a demandé des éclaircissements aux Etats-Unis dans l'affaire Snowden, l'ex-consultant, qui a travaillé à la mission diplomatique américaine de Genève de 2007 à 2009, ayant accusé la CIA d'avoir piégé un banquier dans la ville suisse.