Présidentielle 2017Marine Le Pen fait huer «les méthodes» de BFMTV
A Bordeaux dimanche, la candidate du FN s'est présentée comme la candidate du «peuple» contre le «système» et n'a pas hésité à s'en prendre aux médias accusés de biaiser la campagne.
Marine Le Pen, qui se voit qualifiée pour le second tour de la présidentielle, a poursuivi dimanche à Bordeaux sa stratégie visant à se présenter comme «seule alternative» à Emmanuel Macron ou François Fillon et a dénoncé les «flèches venimeuses des médias». Elle a affiché l'objectif de transformer le second tour en référendum: «patriotes» contre «mondialistes».
Sous les drapeaux tricolores et les cris de «Marine à l'Elysée» ou «On est chez nous», la candidate a «conjuré» ses partisans de se mobiliser très fortement et déroulé plusieurs propositions pour les jeunes. Profitant de l'actualité – soutien mercredi de Manuel Valls à Emmanuel Macron, rencontre samedi entre Emmanuel Macron et Christian Estrosi, patron LR de la région Paca –, Mme Le Pen a tempêté contre des adversaires «coalisés» et leurs «connivences fondamentales» qu'ils ne pourraient s'empêcher de «dissimuler».
«Fillon, Macron, le système veut l'un ou l'autre»
Quant au candidat de la droite François Fillon, «rien ne le sépare de M. Macron pour qui, main dans la main avec M. Valls, il appellera à voter pour le second tour, s'il est lui-même disqualifié», a-t-elle jugé, devant quelque 2000 personnes dans une halle du Parc des Expositions. «Fillon, Macron, le système veut l'un ou l'autre à l'Elysée (...). L'un ou l'autre arrivera à l'Elysée, pourvu que cela ne soit pas le peuple», a dénoncé la présidente du Front national, jugeant que le candidat de la droite et celui d'En marche! bénéficient de «l'amplification de la caisse de résonance des patrons de presse».
Sous le coup de révélations judiciaires depuis fin janvier, la dirigeante du FN a attaqué les médias, «Le Monde». Le quotidien du soir a dévoilé mercredi une lettre du trésorier du FN Wallerand de Saint-Just qui semble accréditer une volonté du FN de se financer sur le dos du Parlement européen. Mme Le Pen a annoncé une plainte prochaine.
La chaîne dénonce des «intimidations»
BFMTV, qui diffusait son meeting en direct, en a aussi pris pour son grade. «Les médias se déchaînent pour tenter de nous atteindre de leurs flèches venimeuses. Mais vous connaissez leurs méthodes. Dès la fin de la diffusion de ce meeting d'ailleurs, certaines chaînes, BFMTV sûrement, le feront commenter par un plateau d'éditorialistes dont ils savent très bien qu'ils sont des militants de longue date contre nous, contre les électeurs patriotes», a ainsi lancé Marine Le Pen.
Sur son site, la chaîne d'information a évoqué «une tentative grossière d'instrumentalisation». «Les journalistes de BFMTV travaillent en toute indépendance et continueront à le faire sans céder à ces intimidations», ont fait savoir ses dirigeants.
Dès samedi, le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, avait dénoncé le «jeu dangereux» des camps de Marine Le Pen et de François Fillon à l'égard des médias. Dans le détail, le syndicat reproche à certains candidats de «s'en prendre aux médias et aux journalistes, comme responsables de tous leurs maux». «Attaquer les journalistes, c'est agresser la démocratie», ajoute le SNJ. Sa secrétaire générale, Dominique Pradalié, a précisé à l'AFP que ces attaques venaient «de droite et d'extrême droite», de «Fillon et son entourage, et du Front national».