AllemagneMerkel en campagne défend l'euro
Angela Merkel bat les pavés de son fief d'origine, en Allemagne du nord-est, mais génère la grogne en évitant d'aborder les problèmes économiques régionaux.

Angela Merkel a défendu sa politique européenne.
Après une série de revers électoraux cinglants, les conservateurs allemands devraient limiter la casse dimanche lors des régionales dans le nord-est, fief de la chancelière Angela Merkel qui a mené campagne en défendant l'euro.
Avec le renouvellement du parlement de Mecklembourg-Poméranie antérieure, et celui de Berlin deux semaines plus tard, s'achève la «super année électorale» marquée par sept scrutins.
Elle fut un désastre pour les chrétiens-démocrates (CDU) de Mme Merkel, qui ont notamment perdu fin mars le puissant Bade-Wurtemberg qu'ils contrôlaient depuis plus de 50 ans, après Hambourg, deuxième ville du pays, en février.
Dans le «Meck-Pom», région sablonneuse de lacs et de forêts bordée par la mer Baltique et frontalière de la Pologne, les conservateurs devraient se maintenir au niveau de 2006 (environ 28% des voix).
Manque d'influence
Mais les sondages promettent la victoire aux sociaux-démocrates (SPD/opposition fédérale) qui gouvernent actuellement la région au sein d'une «grande coalition» avec la CDU. Ils pourraient même conforter leur avance avec 35% des intentions de vote, contre 30,2% des suffrages en 2006.
«En terme d'enjeu ce Land reste situé à la marge», analyse pour l'AFP Nils Diederich, politologue à la Freie Universität de Berlin. Mais «une défaite aurait tout de même une signification symbolique, cela montrerait que même dans sa région d'origine, la chancelière n'a pas d'influence particulière».
Défense de la politique européenne
Dans ce Land dont elle est députée d'une circonscription, Angela Merkel a battu le pavé pour défendre sa politique européenne et le plan de sauvetage de la Grèce. Des thèmes très éloignés des préoccupations quotidiennes dans cette région rurale d'ex-RDA où sévit un chômage près de deux fois plus élevé qu'au niveau national (12% contre 7%).
«Vous n'avez pas besoin d'avoir peur. L'euro est une monnaie stable», a-t-elle lancé comme un refrain lundi à Schwerin, capitale du Land. «La crise que nous connaissons en zone euro n'est pas une crise de l'euro. C'est une crise de la dette».
Niveau d'avant-crise
Alors que la monnaie européenne est malmenée sur les marchés de changes, la présidente de la CDU a tenté de rassurer en rappelant que l'économie allemande avait retrouvé en 2011 son niveau d'avant la crise financière de 2008.
Plus encore que les quelque 1,4 million d'électeurs appelés aux urnes dimanche, la chancelière s'adressait au pays avant un vote crucial des députés prévu fin septembre.
Le Bundestag doit se prononcer sur l'élargissement des compétences du Fonds de soutien européen (FESF) pour aider les pays de la zone euro en difficulté.
Grogne des Libéraux
Or des élus du camp Merkel grognent, et les Libéraux (FDP) qui gouvernent avec les conservateurs de la chancelière sont d'autant plus agressifs qu'ils sont en pleine déroute.
Elle s'est employée à montrer du doigt les «sociaux-démocrates et les Verts» qui «n'ont qu'un seul mot à la bouche: les euro-obligations» qui permettraient d'émettre des emprunts communs au sein de la zone euro.
«Tous les pays mettraient leurs dettes dans un pot commun», a-t-elle critiqué. «Mais je vous le dis: celui qui vit à crédit menace son avenir».
Problèmes locaux évités
Pas un mot en revanche sur le fait que la région, si elle est l'une des destinations de villégiature favorites des Allemands notamment pour les cures de bien-être, est aussi l'une des plus pauvres et la moins peuplée. Quelque 200.000 personnes ont quitté le Land depuis la Réunification.
Les regards se tourneront d'ailleurs dimanche vers les néo-nazis du NPD qui ont profité du malaise social. C'est dans une circonscription de ce Land que le NPD a réalisé en 2006 son meilleur score, avec plus de 38% des voix. Il pourrait néanmoins être évincé cette année du Parlement régional.
Ce scrutin, comme celui de Berlin le 18, n'aura pas de conséquences sur le rapport de forces au Bundesrat, la chambre haute du Parlement où sont représentés les Länder. Le gouvernement y a perdu la majorité en 2010. (afp)