Un Front républicain contre Marine Le Pen

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Présidentielle françaiseUn Front républicain contre Marine Le Pen

François Fillon et Benoît Hamon ont appelé à faire barrage au FN, Jean-Luc Mélenchon a refusé de donner une consigne de vote.

Le nouveau président sera vite confronté à un défi majeur: sceller une majorité claire aux législatives des 11 et 18 juin. (Lundi 8 mai 2017)
Des manifestations anti-Macron ont eu lieu à Paris lundi, à l'appel du collectif «Front social» et des syndicats. (Lundi 8 mai 2017)
François Hollande et Emmanuel Macron déposent une gerbe ensemble sous l'Arc de Triomphe pour ouvrir les commémorations du 8 mai 1945. (lundi 8 mai 2017)
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Le nouveau président sera vite confronté à un défi majeur: sceller une majorité claire aux législatives des 11 et 18 juin. (Lundi 8 mai 2017)

AFP

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont qualifiés dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle française du 7 mai à l'issue d'un premier tour historique. Le candidat de la droite républicaine a en effet été éliminé et la gauche socialiste décimée.

Inconnu du public jusqu'à sa nomination au ministère de l'économie en 2014, Emmanuel Macron, 39 ans, relève un pari jugé fou il y a encore un an avec un positionnement idéologique inédit, ni droite ni gauche, à la tête de son mouvement En Marche!, créé le 6 avril 2016. Héraut du renouvellement politique, il s'est placé dimanche en tête avec environ 23,75% des suffrages, selon des résultats définitifs fournis par le ministère de l'intérieur.

La plupart des «grands» perdants ont appelé à voter pour lui dans deux semaines. Présenté par ses adversaires comme un héritier du «hollandisme», un prétendant inexpérimenté, cet ancien banquier, qui n'avait jamais brigué le suffrage universel auparavant, serait bien placé, selon les instituts de sondage, pour devenir le 7 mai le plus jeune chef d'Etat de la Ve République.

Majorité de gouvernement

«Je souhaite, dans 15 jours, devenir (...) le président des patriotes face à la menace des nationalistes», a-t-il dit. «Le défi à partir de ce soir (...) est de décider de rompre jusqu'au bout avec le système, qui a été incapable de répondre aux problèmes de notre pays depuis plus de 30 ans», a-t-il ajouté, appelant de ses voeux une majorité de gouvernement.

Quant à l'extrême droite, quinze ans après la qualification de Jean-Marie Le Pen en 2002, c'est la seconde fois sous la Ve République qu'elle accède au second tour d'une présidentielle. Marine Le Pen, la fille du cofondateur du Front national, obtient entre 21, 53%, un record de suffrages, contre 16,9% pour son père.

Affirmant que «la survie de la France» était en jeu, Marine Le Pen a lancé un appel «à tous les patriotes sincères» pour favoriser l'avènement de «l'alternance fondamentale».

Hollande félicite Macron

Alors que le Front national saluait «une victoire historique», le premier ministre socialiste, Bernard Cazeneuve, a invité «tous les républicains» à faire barrage à l'extrême droite au second tour dans une déclaration solennelle. Le président sortant, François Hollande, a téléphoné à Emmanuel Macron pour le féliciter. Il a fait savoir qu'il s'exprimerait «rapidement pour donner clairement son choix».

François Fillon, troisième (19,91%) à quasi-égalité avec le candidat d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon (19,64%), a invité, «pas de gaieté de coeur», à voter pour Emmanuel Macron au second tour afin d'éviter à la France la «violence» et «l'intolérance» du FN.

D'Alain Juppé à Laurent Wauquiez, en passant par Jean-Pierre Raffarin, la doctrine du «ni ni» que Nicolas Sarkozy avait imposée à la droite depuis 2011 - ni FN ni front républicain - a été enterrée dimanche soir, à l'exception notable de «Sens Commun» et du parti chrétien-démocrate, alliés de François Fillon, qui ont mis en avant «la liberté de conscience». Pour la droite, c'est une déroute sans précédent depuis la réélection au suffrage universel direct du général de Gaulle en 1965. Avec la défaite de François Fillon, c'est la première fois que la droite républicaine est éliminée au premier tour.

«Défaite morale pour Hamon»

A gauche, le candidat socialiste Benoît Hamon, balayé avec 6,35% des voix, a appelé, lui aussi, à voter contre la candidate du FN. Il a déploré «une défaite morale» pour la France «et une partie de la gauche». Le PS, dont la blessure de 2002 - avec l'élimination de Lionel Jospin au premier tour - était à peine cicatrisée, a subi la plus cuisante des débâcles depuis la présidentielle de 1969 (Gaston Defferre, 5%, et Michel Rocard, 3,6%).

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est pour sa part refusé à donner une consigne pour le second tour, soulignant n'avoir reçu aucun mandat pour s'exprimer à la place de ses électeurs. Le candidat d'extrême gauche, qui avait joui d'une dynamique favorable dans la dernière ligne de la droite de la campagne, échoue à 65 ans, mais fait presque jeu égal avec François Fillon. Il avait recueilli 11,1% des voix au premier tour en 2012, sa première candidature.

Le taux de participation a atteint 78,69%, contre 80,42% lors du premier tour du scrutin présidentiel de 2012. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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