FranceUn test difficile pour Emmanuel Macron
Le président pourrait essuyer son premier échec ce dimanche lors du renouvellement de la moitié du Sénat.
Un revers pourrait perturber les plans du président français Emmanuel Macron. Il s'agit de l'ultime étape d'un marathon électoral chargé cette année et qui a bouleversé le paysage politique.
Le rendez-vous s'annonce difficile pour le parti du président, La République en marche (LREM), trois mois après son triomphe aux législatives. Son parti, qui compte actuellement 29 sénateurs, affiche un objectif modeste: consolider son implantation au sein de la Chambre haute, où près de la moitié des sièges seront renouvelés (171 sur 348).
«Il faut déjà reconduire le groupe et on veut essayer d'aller plus loin», indique prudemment François Patriat, chef de file des macronistes au Sénat.
Deux handicaps
Le camp présidentiel aborde ces élections avec deux handicaps. La nature même du scrutin, au suffrage indirect, n'est pas favorable au président. Seuls ont droit de voter les «grands électeurs» (parlementaires, maires, élus locaux,...). Or, «En Marche! s'est construit dans un rapport direct entre M. Macron et les Français.
Surtout, ces dernières semaines, le gouvernement a pris plusieurs décisions très mal accueillies par les élus locaux: suppression de 300 millions d'euros de dotations aux collectivités, exonération de la taxe d'habitation pour la majorité des ménages, baisse du nombre d'emplois aidés...
Ces éléments risquent d'empêcher le parti présidentiel de modifier au Sénat les équilibres droite-gauche traditionnels, comme il avait réussi à le faire à l'Assemblée nationale. Selon les experts, le Sénat, à droite depuis 2014, devrait le rester.
En position de force
Le président du Sénat, Gérard Larcher, s'attend même à ce que la majorité de droite à laquelle il appartient sera «confortée». L'absence de majorité au Sénat n'empêchera pas Emmanuel Macron de gouverner. En France, la Chambre haute a le pouvoir de retarder l'adoption des projets de l'exécutif auxquels elle est hostile, mais le dernier mot revient toujours aux députés.
En revanche, le feu vert du Sénat est en théorie indispensable pour réviser la Constitution. Or le président entend faire adopter d'importantes réformes constitutionnelles d'ici l'été 2018, dont la réduction d'un tiers du nombre de parlementaires, qui devront recueillir l'assentiment des 3/5e de l'Assemblée nationale et du Sénat, soit 555 élus.
Si quelque 400 députés devraient lui être acquis (dont 313 du parti LREM), il faudra convaincre près de 160 sénateurs. Le pari n'est donc pas gagné. Mais en cas de blocage au parlement, Emmanuel Macron a déjà annoncé qu'il organiserait un référendum.
Davantage de visibilité
Le Sénat, une institution d'habitude assez discrète dans le paysage politique, qui souffre d'une image poussiéreuse (moyenne d'âge 64 ans) espère en tout cas gagner en visibilité pendant le quinquennat.
«Je veux que le Sénat incarne une opposition exigeante», a affirmé récemment son président Gérard Larcher. (nxp/ats)