Lapidation en IranUne centaine de villes se mobilisent
Plusieurs manifestations de soutien se sont tenues samedi dans toute la France pour Sakineh Mohammadi-Ashtiani, l'Iranienne condamnée à mort par lapidation pour adultère et meurtre.
Plusieurs manifestations de soutien à Sakineh Mohammadi-Ashtiani, l'Iranienne condamnée à mort par lapidation pour adultère et meurtre et dont le sort suscite une vague d'émotion en Occident, se sont tenues samedi dans toute la France.
A Paris, 300 personnes se sont rassemblées sur le parvis des droits de l'Homme au Trocadéro, aux côtés de plusieurs personnalités comme l'écrivain Marek Halter ou la réalisatrice et élue parisienne Yamina Benguigui, a constaté l'AFP.
"Sakineh est au courant de cette mobilisation. Ce qui est important, c'est que nos voix puissent résonner, car nos renoncements en France peuvent être catastrophiques pour elle", a lancé Sihem Habchi, présidente de l'association Ni Putes Ni Soumises (NPNS), co-organisatrice du rassemblement avec la Ligue du droit international des femmes et le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme.
Mme Benguigui, adjointe au maire de Paris chargée des droits de l'Homme, s'est directement adressée à cette Iranienne de 43 ans, "pour vous affirmer avec amour, détermination et sans réserve que nous ne vous abandonnerons jamais".
A Toulouse, sur la place du Capitole, les manifestants ont installé un tableau représentant une femme lapidée et disposé un tas de pierres au pied du chevalet. Une dizaine de femmes distribuaient des tracts condamnant la lapidation et "la cruauté des lois religieuses".
"Il n'y a pas qu'en Iran. Et au delà du cas de Mme Sakineh qui est aujourd'hui un symbole, il faut déborder sur la question de la lapidation et des cruautés pour raisons religieuses. Nous sommes au XXIe siècle, il faut que cela s'arrête", a affirmé une responsable de NPNS.
A Lyon, une cinquantaine de personnes, dont une majorité de femmes, se sont retrouvées sur la place Bellecour, portant une photo de Sakineh autour du cou, avec le slogan "I want to live" (Je veux vivre, NDLR).
Plusieurs dizaines de personnes, dont une trentaine d'Iraniens selon les organisateurs, ont manifesté sur la place de la Comédie, à Montpellier, à l'appel du Collectif montpelliérain de soutien au peuple iranien.
A Poitiers, une manifestation à l'appel de la municipalité socialiste et d'associations humanitaires a rassemblé une cinquantaine de personnes.
Devant l'émotion que suscite dans les pays occidentaux le cas de Mme Mohammadi-Ashtiani, l'Iran a réaffirmé samedi avoir suspendu, dans l'attente d'une décision "finale" de la justice, l'application de la peine de mort par lapidation de cette femme reconnue coupable d'adultère et du meurtre de son mari.
La France avait demandé vendredi aux pays de l'Union européenne (UE) d'envisager une menace de sanctions contre l'Iran pour le pousser à épargner sa ressortissante, dont la condamnation en 2006 avait été confirmée en appel l'année suivante.
"Une démarche de l'UE - discrète - est en cours à Téhéran", a assuré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
En France, la mobilisation de la société civile et du monde politique s'est accrue pour sauver cette Iranienne d'un châtiment qualifié de "moyenâgeux" par Nicolas Sarkozy. Le président a ajouté que la France estimait avoir "la responsabilité" de cette femme.
Une pétition a été lancée mi-août à Paris. Les anciens présidents Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing ont signé ce texte qui reçoit de 1.800 à 2.000 signatures par jour.
Téhéran et les pays occidentaux sont engagés depuis 2006 dans un bras de fer sur le programme nucléaire iranien. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté quatre séries de sanctions contre l'Iran pour l'obliger à cesser l'enrichissement d'uranium. Jusqu'à présent, il n'a pas cédé.
(afp)