Vingtième anniversaire des émeutes de 1992

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Los AngelesVingtième anniversaire des émeutes de 1992

Los Angeles marquait dimanche le 20e anniversaire des émeutes raciales de 1992, un des pires épisodes de violence urbaine qu'aient connu les Etats-Unis, déclenché par l'acquittement de quatre policiers blancs jugés pour le passage à tabac d'un jeune Noir, Rodney King.

Los Angeles marquait dimanche le 20e anniversaire des émeutes raciales de 1992, un des pires épisodes de violence urbaine qu'aient connu les Etats-Unis, déclenché par l'acquittement de quatre policiers blancs jugés pour le passage à tabac d'un jeune Noir, Rodney King.

Une série d'événements étaient prévus dans la mégalopole californienne, dont des interventions du pasteur et militant des droits civiques, Al Sharpton, et du maire Antonio Villaraigosa.

Rodney King a 26 ans quand il est brutalement frappé le 3 mars 1991 par quatre policiers blancs, devant la caméra d'un vidéaste amateur, après avoir été arrêté pour excès de vitesse.

La vidéo de 10 minutes fait le tour du monde et l'affaire devient l'une des plus médiatiques en matière d'abus de la part des forces de l'ordre. Les policiers sont accusés d'agression et d'utilisation excessive de la force. Mais, un an plus tard, le 29 avril 1992, les quatre hommes sont blanchis par un jury composé dix Blancs, un Hispanique et un Asiatique.

53 morts et des milliers de blessés

Quelque 100'000 personnes descendent alors dans la rue pour protester contre cette décision jugée raciste. La manifestation dégénère en violences, pillages, incendies de maisons et de commerce, et c'est seulement au quatrième jour, lorsque l'armée arrive en renfort, que la situation commence lentement à redevenir normale.

Le sixième jour, le maire de la ville lève le couvre-feu qui avait été instauré, bien que les violences se poursuivent encore dans certaines zones. Elles feront 53 morts, des milliers de blessés et des dégâts estimés à un milliard de dollars.

«Ne pouvons-nous pas vivre ensemble?», lance Rodney King à la télévision. La phrase résume le sentiment d'une population marquée par la diversité avec d'importantes communautés noire, hispanique et coréenne en constante tension entre elles, tout en étant frustrées par la discrimination.

«La ville nous appartient»

Journalistes, écrivains, professeurs, policiers et responsables communautaires ont longuement débattu ces derniers jours de ces événements meurtriers qui ont principalement eu lieu dans le sud de la ville.

Andrew Neiman, un policier qui est intervenu au moment des émeutes, estime que la police a tiré les leçons des violences et est devenue moins arrogante. «A l'époque où je suis entré dans la police, le sentiment général qui régnait était: la ville nous appartient. C'est notre ville et les gens doivent faire ce qu'on leur dit ». Mais après, «on a compris que ce n'était pas notre ville. Nous travaillons pour les gens, et c'est leur ville».

Coexister pacifiquement

Cependant, l'inquiétude reste de mise dans une ville où des inégalités criantes demeurent entre communautés blanche, noire, hispanique et coréenne.

«Il y a eu des changements positifs», notamment «un énorme changement dans la police», plaide le révérend Cecil Murray, professeur d'éthique à l'école de religion de l'Université de Californie du Sud (USC). «Mais notre histoire a démontré que nous n'avons pas encore appris à coexister pacifiquement», confie-t-il, citant le massacre des Amérindiens, l'esclavage, et les discriminations contre juifs, Irlandais et Italiens.

Parmi les autres faits marquants de ce vingtième anniversaire, une réunion ou chacun peut prendre la parole se tiendra à l'endroit de l'épicentre des émeutes à 22H00 GMT.

Par ailleurs, à Long Beach, au sud de la ville, un service religieux se tiendra à l'initiative de la Coalition pour les droits des immigrés.

(afp)

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