Le miraculé d'évolène«J'espérais qu'un renard me trouve et pour la première fois j'ai prié»
Le jeune Vaudois de 21 ans qui a survécu 17 heures sous une avalanche témoigne depuis son lit d'hôpital à Sion. Sa survie tient du miracle. Découvrez son témoignage en vidéo.
«Je me sentais coincé comme dans un sarcophage, je suis un miraculé et j'en suis conscient.» Sur son lit d'hôpital à Sion, Cédric Genoud sait qu'il revient de loin.
Le Lausannois a passé 17 heures sous une avalanche avant d'être secouru (lire article ci-dessous). Lundi après-midi, il est revenu sur ce miracle. Présente à l'hôpital, sa mère estime que c'est comme une seconde vie qui commence pour son fils. Il y aura un avant et un après Evolène.
Cédric était conscent des risques élevés d'avalanche. Il reconnaît avoir vu le panneau indiquant un niveau de risque élevé. Bon skieur et habitué du hors-piste depuis l'âge de huit ans, il a estimé qu'il ne risquait rien. A tel point qu'il est parti seul en hors-piste sans son détecteur de victime d'avalanche: «C'est la première fois que je sortais sans mon détecteur», admet-il.
Il admet aujourd'hui avoir eu beaucoup de chance de s'en sortir indemne. L'expérience changera sa relation au hors-piste.
«Après coup je me rends compte que j'ai pris un risque inconsidéré et puéril».
Son récit fait froid dans le dos. Habitué aux pentes vierges, il n'a pas pu résister. «J'ai commencé sur une face nord, la neige tenait bien. Puis j'ai passé sur un endroit ensoleillé», raconte le jeune homme. «D'un coup la coulée est partie, sans que je m'y attende».
Il s'est retrouvé à dévaler la pente avant d'être enseveli par la neige. «Je me suis dit que ce n'était pas réel». Lorsque tout s'est arrêté «je n'arrivais à bouger ni mes bras ni mes jambes, c'était comme du béton. J'étais dans un sarcophage».
La seule partie de son corps qu'il pouvait bouger était sa tête. Les mouvements lui ont permis de créer un espace suffisant pour respirer et manger de la neige pour s'hydrater. Il a aussi constaté l'arrivée de la nuit avec la baisse de la luminosité, et il a vu des lumières.
«J'ai beaucoup crié». Sans succès, même si les sauveteurs sont demeurés sur les lieux jusque vers 01h30, avec des lampes de faible portée, sur une zone à risque, précise le chef des guides de la maison du sauvetage Patrick Torrent.
Cédric raconte encore qu'il a vu les phares des ratracks s'en aller sans lui. «Quand elles sont reparties, j'ai compris que j'allais passer la nuit ici et que j'allais devoir me battre. J'ai commencé à prier, pour la première fois de ma vie. Plus tard, j'ai espéré qu'un renard se mette à chercher et m'aide à me dégager.»
Longue nuit
La nuit a été éprouvante pour le rescapé. Il s'est efforcé de ne pas s'endormir: «Je somnolais trois minutes puis je me réveillais». «Je me suis dit que je ne devais pas abandonner, pour les gens qui m'aiment. J'ai prié, c'est une des premières fois de ma vie que j'ai fait ça».
Une douleur à une hanche l'a aidé à rester éveillé. Lorsque la luminosité du jour est enfin arrivée, il a encore tenté de s'extraire de la masse de neige en bougeant la tête. Il a entendu le passage d'un hélicoptère, puis un second passage et enfin la délivrance.
«Je ne sais pas comment ils m'ont trouvé, mais ils m'ont sorti d'un coup. Ce fut un des moments les plus formidables de ma vie». Le chef sauveteur sait ce qui l'a sauvé. «Au survol on a vu bouger le casque gris qui dépassait de la neige», explique-t-il.
Chez les sauveteurs c'est l'étonnement qui prime. «Avec une météo un peu défavorable, l'hélicoptère n'aurait pas pu sortir et on ne l'aurait pas retrouvé». Surtout que le jeune avait oublié son détecteur de victime d'avalanches (DVA), «pour la première fois» dit- il.
Pour lui désormais les choses sont claires. «Ne pas sortir des pistes après des chutes de neige, et toujours être accompagné pour faire du hors piste», dit-il en guise de conseil.
Interview de la maman de Cédric Genoud / vidéo atk
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Interview de Patrick Torrent, chef des guides de la Maison du sauvetage / vidéo atk
$$VIDEO$$ (tde/mac/ats)