Nourrisson étouffé juste après sa naissance

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ValaisNourrisson étouffé juste après sa naissance

Une mère de famille risque 10 ans de prison pour avoir tué son bébé. Elle s'était débarrassée du corps dans une poubelle.

Christian Humbert
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Christian Humbert
Placée dans un sac poubelle, la petite victime a fini dans un Molok.

Placée dans un sac poubelle, la petite victime a fini dans un Molok.

Keystone

L'enfant gigotait et poussait de petits cris pendant que sa mère serrait un linge sur son visage. Trente minutes se sont écoulées avant que le nouveau-né meure, en ce matin du 1er décembre 2015.

Elle a senti les battements de son cœur en l'étouffant. Déjà mère de trois enfants, cette ménagère de 35 ans a accouché dans sa baignoire. Elle ne voulait pas d'un nourrisson de plus, faute de place dans son logement. C'était le deuxième enfant issu de sa relation avec un voisin, marié.

Une fois qu'elle l'a mis au monde, la mère s'est couchée sur un canapé-lit: l'enfant s'est spontanément rapproché de son sein. Elle n'a eu aucun geste à son égard. Puis elle est revenue à la salle de bain pour le tuer.

Après le crime, elle a décoré le sapin de Noël

Elle a ensuite caché le cadavre dans une armoire dans la chambre de ses autres enfants, puis est allée le rechercher, après le petit-déjeuner. La mère a parlé à son bébé mort durant une demi-heure avant de l'envelopper dans un sac-poubelle qu'elle a placé dans un coffre sur le balcon. Elle s'est ensuite occupée de décorer le sapin de Noël.

La petite victime a fini dans un molok, avec le placenta et le cordon ombilical.

Prévenue d'assassinat, la mère a comparu libre devant le Tribunal de Sierre. L'acte d'accusation de la procureure Gwénaëlle Gattoni ne passe aucun détail. Brièvement interrogée par les juges, la prévenue a reconnu les faits. Divorcée avec deux enfants, elle avait eu un autre enfant avec son voisin: elle avait appris sa grossesse le jour de son accouchement.

Elle a fait preuve du même déni en 2015 lorsqu'elle s'est à nouveau retrouvée enceinte d'un petit garçon. Elle voulait le faire adopter: elle l'a finalement tué.

«Acte odieux, commis de sang-froid»

«Dédain complet pour la vie. Absence de scrupules. Acte odieux commis de sang-froid, calme et réfléchi pour se débarrasser d'un bébé. Elle a agi pour éviter que ses proches ne soient informés», a souligné la procureure. Elle a retenu l'assassinat et réclamé 10 ans de prison.

Elle s'est appuyée sur le travail de l'expert psychiatre. Selon le praticien, l'accusée n'a pas agi sous l'effet d'un désordre psychologique ou biologique (créé par une grossesse dans cinq cas sur dix). Il l'a estimée responsable de son acte.

La vision est tout autre pour Me Jean-Claude Vocat. Il veut croire à un tel état. Il a plaidé l'infanticide et une peine avec sursis. Sa cliente n'a pas manifesté d'émotion particulière ou de regrets. Elle n'a pas été emprisonnée. Elle a été hospitalisée deux mois après les faits.

Un tel cas n'a plus été décortiqué par un tribunal depuis 2004.

Le jugement interviendra dans la semaine.

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