FribourgUne bistrotière débutante coule tout son personnel
Sept employés de la restauration se battent pour leurs salaires. Le syndicat Unia parle de malhonnêteté, Gastro-Fribourg d'amateurisme.

Beryl* a été victime de sa cheffe au restaurant «Le Chauderon».
«J'ai perdu mon job et mon appart...» Beryl*, 22 ans, est amère. Elle n'a pas reçu un franc de salaire en deux mois de travail. Comme une dizaine d'autres, elle a été victime l'automne dernier de M. Q., restauratrice au «Chaudron», aujourd'hui fermé. «Elle s'est foutu de nous!», tonne la Vaudoise. Pour un collègue, l'ardoise se monte à 21' 000 fr.
Mise aux poursuites, M. Q. a indiqué ne pas pouvoir rembourser ses dettes. «Un cas de moins en moins rare, explique Xavier Ganioz, du syndicat Unia-Fribourg. On en a une dizaine par année alors qu'il y a dix ans, cela n'existait quasi pas. C'est de la malhonnêteté!»
Du côté de Gastro-Fribourg, le phénomène est connu. Pour Muriel Hauser, présidente, c'est un problème de formation et de métier. «Il y a 20 ans, pour se lancer, il fallait suivre des cours sur trois mois, note-t-elle. Aujourd'hui, c'est douze jours! Or il ne suffit pas de savoir servir un café et de l'encaisser.»
Quant au salarié lésé qui veut récupérer son dû, c'est le parcours du combattant. «Mettre en faillite le créancier coûte cher et prend un mois, explique Xavier Ganioz. Mais c'est nécessaire pour s'adresser au service d'insolvabilité du chômage, qui prend en charge quatre mois de salaire.» Pour lui, c'est un double échec. «Les gros débiteurs ne reverront pas l'entier de leur dû, et au final, c'est la collectivité qui paie.»
M. Q. n'a jamais donné suite à nos nombreux appels.
*prénoms d'emprunt