«Le meilleur candidat serait une chèvre!»

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Présidentielle 2012 en France«Le meilleur candidat serait une chèvre!»

«Marine Le Pen manque d'audace», «Sarkozy sert surtout ses intérêts», «Strauss-Kahn devrait se présenter en Israël»... De passage en Suisse, Dieudonné «flingue» tous les candidats potentiels à la présidence de la France.

Grégoire Corthay
par
Grégoire Corthay

Dieudonné, de passage en Suisse, donne son sentiment sur quelques politiciens français...

A l'occasion de la venue en Suisse romande de l'humoriste controversé, «20 minutes» lui a demandé son sentiment sur quelques acteurs de la vie politique en France, à une année de la présidentielle 2012.

En préambule, Dieudonné explique ne rien attendre de cette élection: «Le seul candidat à la hauteur de cet énième épisode du sitcom «Choisissez-moi un président!» serait la chèvre blanche «Biquette». C'est le candidat que je soutiendrai».

«Sarkozy s'est fait un beau carnet d'adresses»

Passant en revue quelques politiciens de l'Hexagone, Dieudonné se montre très acerbe, quelque soit leur parti. Que pense-t-il du président Nicolas Sarkozy? «Sarkozy a surtout très bien servi ses intérêts. Il incarne une politique devenue un vernis philosophique autour d'intérêts économiques. Je pense que lui-même n'a pas vraiment l'intention de se représenter. Mais je peux me tromper... Sarkozy s'est fait un beau carnet d'adresses. Il a maintenant de quoi, je crois, organiser une carrière de milliardaire. Je le vois bien dans ce rôle-là...», estime l'artiste.

«L'UMP qu'il représente est arrivée au terme d'une mission. C'est une structure politique du passé, créée pour divertir juste pour donner une alternance à un parti socialiste complètement dépassé. Le PS a perdu toute légitimité. Il se veut comme un parti de l'alternance, mais s'il aura alternance, ce sera entre l'UMP-PS et les autres», poursuit-il.

«Hollande a une tête à jouer dans un Blier»

A propos des socialistes, Dieudonné n'est pas plus tendre. L'artiste, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme, estime que Dominique Strauss-Kahn, actuel président du FMI, n'a pas d'intérêt à quitter son job et, quitte à viser une présidence, il «devrait plutôt se présenter en Israël qu'en France. Cela devrait être son pays...». Quant à François Hollande, il n'y croit pas une seconde, notamment en raison d'un certain manque de charisme: «Hollande, c'est une sorte de second couteau, un bonhomme qu'on imagine dans un film de Blier, entre Lino Ventura et Jean Lefebvre».

Croit-il en un «effet Fukushima» qui boosterait Nicolas Hulot? «Hulot, c'est une starlette de la télévision qui faisait très bien son boulot à savoir vendre des savonnettes et des shampoings. Il a fait toute une carrière sponsorisée par les grandes marques. Je ne le déteste pas. Je pense qu'il doit être sincère dans sa démarche mais je n'y crois pas non plus».

«Marine Le Pen a un lourd héritage»

Et dans les extrêmes de l'échiquier politique? Il avoue trouver le personnage Marine Le Pen «intéressant», précisant ne pas être lui-même sympathisant FN. «Elle a un héritage à porter: celui du poids de l'infréquentabilité. Ce qui est intéressant. Elle est porteuse d'une marque «Le Pen» réactualisée, relookée, customisée... Faudra voir si cela fonctionne. Qui s'y associera? Est-ce qu'un Zemmour va arriver dans l'équipe? Je ne sais pas quel est son projet mais je pense toutefois qu'elle va être ridiculisée à un moment. Etre la fille de Jean-Marie Le Pen, cela donne du caractère. A l'école cela ne devait pas être facile et dans la vie de tous les jours non plus. Ce sont des paramètres qui me la rendent sympathique. Je crains qu'elle n'ait pas l'audace de changer les choses», analyse Dieudonné.

Et à l'extrême gauche, le cas Jean-Luc Melenchon? «Un second tour Le Pen-Mélenchon, ce serait plus drôle que ce qui devrait se passer... Mélenchon réclame du changement, mais finalement le vrai changement, ce serait de voter directement «Biquette». Et puis, une chèvre blanche à part bouffer les rosiers de l'Elysée, je ne vois pas ce qu'elle risque de faire aux Français. Après, les institutions continueront de fonctionner de la même façon. Mais au moins, en élisant «Biquette» on aura bien rigolé!», conclut Dieudonné.

«Certains me catalogue comme un comique islamo-fasciste!»

A Nyon (VD), mardi 26 avril, dans son spectacle conçu «autour de la liberté d'expression», Dieudonné est revenu sur son parcours d'humoriste. Devant une salle comble (plus de 450 personnes) conquise d'avance, il a expliqué être passé en quelques années, selon certains, du statut de «gentil bamboula qui faisait des galipettes» à celui de «comique islamo-fasciste».

Durant plus 1h30 de one-man-show, il a «taquiné» certains grands de ce monde. Il a notamment décrit le président du Venezuela Hugo Chavez comme «un croisement sans cou entre Robert De Niro et le Sergent Garcia». Le président de la République islamique d'Iran Mahmoud Ahmadinejad (que Dieudonné a pu rencontrer) est, pour sa part, taxé de «champion de l'enfilage de quenelle», notamment en raison du contenu de ses discours.

Dans un de ses sketches, Dieudonné a aussi présenté Barack Obama comme «un noir sorti de nulle part et placé à la présidence des Etats-Unis pour détourner l'attention des vrais responsables du 11 Septembre».

Face à des accusations qui lui ont coûté plusieurs procès, l'artiste a expliqué aux spectateurs que désormais on ne pourrait plus le taxer d'antisémitisme. En effet, il a indiqué qu'il avait décidé de se convertir au judaïsme. Pour ce faire, il a raconté s'être d’ailleurs circoncis lui-même et avec les dents... Dieudonné a souligné être devenu plus précisément «un juif ashkenaze, parce que dans ashkenaze, il y a «naze».

Parmi les autres termes abordés, l'humoriste est aussi parvenu à faire rire l'assistance avec des sketches autour du colonialisme, sur le cancer et ses traitements ou encore sur «Les Conventions de Genève». Selon lui, celles-ci sont juste appliquées dans le canton de Genève: «Dans le reste du monde, c'est open bar!».

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