Mise en route mercredi du LHC: Les physiciens ambitionnent de percer les secrets de l'univers

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CERNMise en route mercredi du LHC: Les physiciens ambitionnent de percer les secrets de l'univers

Ces prochaines semaines débute à Genève la plus grande expérience scientifique de tous les temps.

Le grand collisionneur de hadrons LHC, qui aura coûté plus de six milliards de francs, doit permettre d'aller au plus profond de la matière.

Comprendre comment le monde tient ensemble est une question qui taraude les hommes depuis toujours. «Les Grecs s'interrogeaient déjà sur le sujet», relève Ulrich Straumann, professeur de physique expérimentale à l'Université de Zurich.

Grâce au progrès scientifique, l'humanité est en mesure de fournir aujourd'hui des explications plus précises sur les briques élémentaires dont est constituée la matière et par quelles forces ces éléments sont maintenus ensemble.

Ces nouvelles connaissances ont été notamment obtenues grâce à l'accélérateur de particules du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire). Dans les années 50, les chercheurs du laboratoire ont fait s'entrechoquer des particules et ont étudié ce qui ressortait des collisions.

Les résultats obtenus ont confirmé la théorie dite du modèle standard, grâce à laquelle les physiciens expliquent aujourd'hui la création de l'univers.

Les scientifiques ont dû toutefois admettre que ce modèle ne répondait pas à toutes les questions. Pour que cette théorie fonctionne, il faut émettre l'hypothèse qu'à côté des 24 particules déjà répertoriées, il en existe une 25e, surnommée le boson de Higgs.

Ce boson n'a encore jamais été détecté. Les accélérateurs de particules actuels se révèlent trop peu puissants pour y parvenir. Le grand collisionneur de hadrons (LHC), près de Genève, devrait en revanche être de taille à relever le défi.

Les ingénieurs et les physiciens ont construit, 100 mètres sous terre, la marchine la plus grande et la plus complexe de tous les temps. Les médias comparent déjà les lieux souterrains où se dérouleront les expériences à des cathédrales de la physique.

Le LHC a été bâti dans un anneau souterrain de 26,7 kilomètres de long qui abritait le LEP, l'ancien accélérateur du CERN. La seule conception de la machine a coûté 4,6 milliards de francs. A cette somme s'ajoute un autre milliard pour les détecteurs qui doivent permettre de piéger les particules.

Outre la chasse au boson de Higgs, l'installation ouvre une ère passionnante pour les physiciens. Ils pourront recréer les conditions extrêmes qui régnaient très peu de temps après le Big Bang.

Les scientifiques se voient ainsi offrir la possibilité d'un voyage dans l'infiniment petit de la matière et le commencement de l'univers. Chose qui leur était jusqu'à présent impossible.

Selon le professeur, les coûts élevés de la machine se justifient. Une fois que la communauté scientifique s'est décidée pour le projet, les coûts partagés ont été ramenés à des niveaux supportables pour les membres du CERN.

Les recherches menées grâce au LHC ne comportent pas de risques irresponsables, note M. Straumann, répondant à des inquiétudes émises par le professeur de biochimie allemand Otto Rössler.

Selon ce dernier, lors des collisions de particules, des trous noirs pourraient apparaître, avec le risque que ceux-ci aspirent le monde et le fassent disparaître. «D'après moi, il n'existe pas de risque», soutient M. Straumann. Et d'ajouter que le CERN a examiné avec le plus grand sérieux ces questions.

La réponse du CERN n'a pas suffi au professeur allemand et à ses partisans. Ils ont adressé une plainte à la Cour européenne des droits de l'homme demandant le blocage du démarrage du LHC. Le tribunal a rejeté cette demande. Il ne s'est pas encore prononcé sur l'admissibilité de la plainte.

(ats)

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