Des ministres interdits de séjour et aux avoirs gelés

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Pont-la-Ville (FR)Des ministres interdits de séjour et aux avoirs gelés

Le Suisse Mike Kabongi se bat pour la terre qui l'a vu naître, le Congo. Et il compte déjà de belles victoires à son actif.

Pour Mike Kabongi, il n'y a pas l'ombre d'un doute. La Suisse a un rôle à jouer en République démocratique du Congo (RDC). Cette conviction, ce père de deux enfants l'a acquise au fil de nombreuses années de combat, qui commencent maintenant à payer.

Parmi ses plus récentes victoires, il a obtenu que le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) sanctionne 14 personnalités congolaises (des anciens ministres et des gouverneurs provinciaux, ainsi que des membres haut placés de la Garde républicaine, de l'armée, de la police et des services de renseignement).

«Il leur est reproché d'entraver la conduite des élections en RDC par des actes de violence, de répression, et de violation de l'État de droit ainsi que des droits de l'homme. Les éventuels fonds et avoirs possédés par ces personnes en Suisse sont gelés. En outre, elles ont l'interdiction d'entrer en Suisse», précise un communiqué du SECO.

Il fuyait la misère et l'instabilité

Pour comprendre l'histoire de Mike Kabongi, il faut toutefois commencer par le début. Si, aujourd'hui, il a la nationalité suisse, il est bien né en RDC (anciennement le Zaïre), en 1972. Et c'est à l'âge de 22 ans qu'il a débarqué en terres helvétiques, après une jeunesse difficile. «Je fuyais la misère et l'instabilité, dues à la dictature de Mobutu. De plus, la crise était aggravée à ce moment-là par l'afflux de réfugiés rwandais», se souvient Mike.

Arrivé dans le canton de Fribourg, il a commencé par se battre pour faire reconnaître se formation en santé publique. Ensuite, il a obtenu un master en gestion de clinique et qualité des soins. Et, pour finir, il s'est formé à la gestion de projets et s'est spécialisé dans les urgences. Mais, à cette époque déjà, les massacres perpétrés dans son pays d'origine ne le laissaient pas indifférent. «En 2001, lorsque Joseph Kabila a pris le pouvoir, j'ai perdu presque tous ceux que je connaissais, malgré la présence militaire de l'ONU. Cette injustice a été un déclencheur.»

Pour se faire entendre, il a commencé par mobiliser la diaspora congolaise et, en 2005, il a fondé une ONG (OPAHI-Suisse), active dans le social, l'éducation et le médical. Très rapidement, suivra la création de la Convention des Congolais de l'étranger (CCE), dont il est le président. Une constante toutefois, son action est basée sur trois axes: le pacifisme, la démocratie et le développement durable.

Son message passe en hauts-lieux

Personnage charismatique, Mike Kabongi a eu l'occasion de faire passer son message devant: l'Assemblée nationale française, des dirigeants belges, canadiens et suisses, ainsi que des représentants de l'ONU. Et il a même été président de commission, durant le processus de la Concertation nationale congolaise (2013), mais qui s'est avéré être une mascarade. «Pour le coup, on s'est bien moqué de nous. On nous a fait croire que nous préparions la RDC de demain. Mais, en réalité, le pouvoir en place s'est servi de nous pour retrouver un semblant de légitimité.»

Actuellement, Mike Kabongi a deux objectifs. D'abord, il souhaite rencontrer les dirigeants de Glencore, le géant suisse de l'extraction minière. «Ce que fait cette entreprise au Congo est inadmissible. Et ses abus me touchent d'autant plus que c'est l'image de la Suisse et des Suisses qui en pâtit.» En outre, il veut collaborer à la préparation des élections présidentielles en RDC. «Selon notre constitution, Kabila aurait dû lâcher le pouvoir depuis deux ans. Il est temps de mettre fin à cette crise politique.»

(xfz)

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