La neige ne tombe pas du ciel mais d'un hélicoptère

Les stations de Veysonnaz et de Nendaz se vantent, ce vendredi 26 décembre, de profiter de «conditions d'enneigement excellentes malgré une météo capricieuse en décembre». Leurs responsables ajoutent qu'il est «possible de rejoindre les stations skis aux pieds». Et pour cause: mercredi, un hélicoptère d'Air-Glaciers a été engagé pour acheminer de la neige au bas des pistes, comme l'a révélé lenouvelliste.ch. Ces précieux mètres cubes d'or blanc ont été prélevés sur les hauteurs. «Il nous manquait quelques mètres de neige pour assurer l'accès aux stations pour les skieurs», explique Jean-Marie Fournier, administrateur-délégué des deux sociétés de remontées mécaniques, qui évoque une opération visant à «fignoler l'arrivée de la piste tout en bas». Président des Verts valaisans, Jean-Pascal Fournier y voit, lui, «un véritable scandale».

«Il est tombé 60 à 70 centimètres depuis le début de la saison à partir de 1800 mètres. En bas, il n'a pratiquement pas neigé», explique Jean-Marie Fournier. Du coup, il n'a pas hésité à faire transporter de l'or blanc pour assurer l'utilisation des pistes: «Etant donné la haute fréquentation que l'on a, nous avons tenu à offrir le meilleur produit avec accès à skis à la station à la clientèle, sans se contenter de skier sur les hauts.» Ce manteau neigeux héliporté – mélange de neige naturelle et artificielle – a fait l'objet de toutes les attentions: roulé et damé, il est désormais consolidé à l'aide de canons. C'est que Jean-Marie Fournier ne croit pas aux chutes de neige annoncées pour ce week-end: «Mais je peux me tromper!» Tout comme il ne croit pas attenter au climat avec cette opération: «Ce sont quelques rotations d'hélicoptère, je ne vois pas quelle incidence écologique cela a. Pour le reste, c'est simplement de la neige qu'on déplace. »

Président des Verts valaisans, Jean-Pascal Fournier est atterré par ces pratiques: «C'est complètement contraire au développement durable! De plus, si on se projette dans l'avenir, c'est idiot en terme de stratégie touristique.» Selon lui, «c'est à nous d'adapter notre stratégie à l'évolution du climat» et pas l'inverse. Evoquant le réchauffement climatique, il indique que les hivers seront plus doux à l'avenir et donc difficilement conciliables avec la pratique du ski à certaines altitudes. «Les stations de départ sont souvent aux alentours de 1500 mètres voire au-dessous. Dans ces stations-là, on aura de toute façon un problème pour revenir à skis. Et là, les canons à neige ne résoudront rien» puisqu'il ne fera pas assez froid pour permettre leur utilisation. Jean-Pascal Fournier en appelle à une vision à plus long terme du développement touristique: «Cela va devenir de plus en plus risqué de tabler sur la neige à Noël. Cela veut dire que les opérateurs doivent développer d'autres produits.»