ValaisUne icône de la prostitution n'est pas la bienvenue
Le groupe UDC d'Hérémence est outré après l'annonce de la dispersion des cendres d'une célèbre fille de joie allemande sur les hauts du village.
Molly Luft était considérée comme un poids lourd dans le milieu de la prostitution berlinois. Edda Blanck-Kurtzer, de son vrai nom, avait fait de son obésité son fond de commerce depuis 1975. Elle est morte le 24 novembre, à l'âge de 66 ans, des suites d'un cancer de l'intestin. Elle a été une travailleuse du sexe presque jusqu'à son dernier soufflle. En 30 années de carrière, elle aurait réalisé 90'000 passes.
Selon une information du journal alémanique «Blick», ses cendres auraient été dispersées le 29 décembre au-dessus du village de Riod, sur le territoire de la commune d'Hérémence.
165kg de bonne chair
Les quelques grammes de ce qui restait de Molly Luft, qui pesait 165kg lorsqu'elle vendait ses charmes (125kg lors de son décès), ont été «répartis sur une prairie dans les montagnes suisses», a expliqué la fille, au tabloïd berlinois «B.Z.».
L'urne funéraire aurait été détruite et une cérémonie aurait également eu lieu le même jour en Valais. Cette dispersion de cendres aurait mis fin à des mois de conflit entre les fans de la célèbre prostituée qui voulaient les enterrer à Berlin, et sa famille. Le cendres de la péripatéticienne berlinoise reposeraient donc désormais non loin du corps de son deuxième mari, Archibald, décédé en 2009.
L'UDC réclame une enquête
Dans un communiqué, l'UDC Hérémence explique être scandalisée par ce procédé et demande au Conseil communal et à l'Etat valaisan de vérifier si «cette déplorable affaire» est en lien avec les «pratiques obscènes» de «tourisme de la mort», désormais illégales, que l'entreprise allemande l'Oasis de l'Eternité («Oase der Ewigkeit») avait menées dans le Val d'Hérens depuis 2002.
«Sans l'Oasis de l'Eternité, nul doute que les cendres de cette célèbre prostituée n'auraient jamais été dispersés sur le territoire de la commune d'Hérémence. Je n'ai rien contre cette dame et sa famille mais Molly Luft n'est pas la meilleure ambassadrice que peut espérer notre commune. Quitte à accueillir de nouveaux habitants, on préférerait qu'ils soient encore vivants», explique Grégory Logean, conseiller municipal UDC.
Une pratique commerciale interdite
La dispersion de cendres humaines à des fins commerciales est interdite en Valais depuis juillet 2009. La nouvelle loi cantonale sur la santé n'autorise cette pratique que dans des endroits fixés par les communes.
«Je soupçonne L'Oasis de l'Eternité d'être mêlée à cette affaire et de continuer son business dans le Val d'Hérens de manière déguisée. Le coïncidence entre la nationalité de cette célèbre prostituée et celle de Dietmar Kapelle, le patron allemand de l'entreprise, me laisse songeur... Le tourisme des cendres semble ainsi se poursuivre. Le site de l'entreprise propose toujours des tarifs pour accompagner les familles des défunts en Suisse!» poursuit Grégory Logean. Si tel devait être les cas, le parti agrarien exige l'ouverture d'une procédure pénale contre l'organisateur de cette dispersion de cendres.
Un flagrant délit fin octobre
Le président de la commune, Régis Bovier, n'a pas connaissance de ces faits. Il rappelle que «l'épandage de cendres à titre commercial est interdit chez nous. Par contre, l'épandage de cendres par des privés, ce qui semble être le cas ici, n'entre pas dans cette catégorie.» Le président ne souhaite pas qu'une forme de tourisme lié à cette pratique se développe dans la région, a-t-il précisé au «Blick».
Fin octobre 2010, la police cantonale valaisanne avaient pris des photos d'une personne déversant le contenu d'une urne dans une forêt appartenant à la bourgeoisie de Vex. La personne qui a dispersé ces cendres est sortie d'une voiture portant plaques allemandes, avait révélé Rhône FM.
La société poursuit bien son business
Marlène Mauron, sociétaire et gérante de L'Oasis de l'Eternité Sàrl, affirme que sa société n'est pas impliquée dans cette affaire. «Nous n'avons pas eu d'activité entre Noël et Nouvel An à Hérémence», a-t-elle précisé à «20 minutes». Elle reconnaît toutefois que son entreprise poursuit bel et bien son activité en Suisse! «Suite à la nouvelle législation en vigueur, nous avons changé nos statuts. Les cendres ne sont plus dispersées par Dietmar Kapelle mais par un membre de la famille du défunt», souligne-t-elle.
Marlène Mauron confirme aussi que cette activité est bien commerciale et pas philanthropique. «Nous sommes une société et pas une fondation. Nous ne travaillons pas gratuitement, nous devons bien vivre! Les autorités le savent bien puisque nous payons des impôts! Surtout, il faut souligner que nous ne sommes pas la seule société à faire des affaires avec les cendres. Il y en a aussi à Nendaz ou Zermatt, il faut s'arrêter de s'acharner seulement sur nous!», conclut-elle.