«De nuit sur l'autoroute, on doit s'attendre à tout»

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Suisse«De nuit sur l'autoroute, on doit s'attendre à tout»

Une jeune femme s'était couchée sur l'asphalte pour se suicider. Le conducteur qui l'a mortellement percutée a été condamné.

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De nuit, le chauffeur aurait dû ralentir pour pouvoir s'arrêter sur la moitié de la distance visible, selon le code de la route.

De nuit, le chauffeur aurait dû ralentir pour pouvoir s'arrêter sur la moitié de la distance visible, selon le code de la route.

Keystone

L'année dernière, un automobiliste de la région de Bienne a percuté une jeune femme sur l'autoroute, entraînant son décès sur les lieux de l'accident. L'enquête a révélé que la victime voulait se donner la mort.

Mardi, le conducteur a été condamné pour homicide par négligence, rapporte la «Berner Zeitung». Pour la justice, il n'a pas suffisamment adapté sa vitesse aux conditions de visibilité. Il écope de 15 jours-amende à 70 francs avec sursis, ainsi qu'une amende de 210 francs, et plus de 8000 francs de frais de justice.

Récit d'une nuit tragique

Les faits se sont déroulés le 8 mai 2016, peu après 5h du matin, juste avant la sortie d'autoroute Lyss-Nord. L'accusé roulait à près de 100 km/h, avec ses feux de croisement. Il n'avait ni consommé de substance interdite, ni sorti son téléphone portable. Malgré cela, il a réalisé trop tard que quelqu'un était allongé sur la chaussée.

Ce qui l'a alerté, c'est finalement les bandes réfléchissantes sur les chaussures de la jeune femme. Malgré avoir tenté de dévier de sa trajectoire, et freiné brusquement, c'est le choc. C'est ainsi que l'accusé a décrit la scène mardi, devant le tribunal, raconte la «Berner Zeitung».

Cette nuit-là, il n'a pas tout de suite réalisé ce qui venait de se passer. Il pensait avoir heurté un animal ou un morceau de voiture traînant sur la chaussée, «mais certainement pas un humain», explique-t-il.

Le petit ami de la malheureuse est alors arrivé sur place. Le couple revenait d'une soirée où l'alcool coulait à flots, et ils s'étaient disputés. La femme s'était enfuie. Ils avaient échangé plusieurs appels téléphoniques lors desquels la femme disait vouloir se suicider. Son compagnon était monté sur un vélo pour se lancer à sa recherche. Lors du dernier appel, d'une durée de 56 secondes, la femme était allongée sur la route. Puis plus rien.

«Je suis sincèrement désolé»

Les événements de cette nuit-là continuent de hanter l'automobiliste. Au tribunal, il a manifestement eu beaucoup de mal à contenir son émotion. D'une voix tremblante, il a répété, à plusieurs reprises: «Je suis sincèrement désolé.» Ainsi que: «Je ne suis pas coupable, mais victime.» Depuis l'accident, il serait en arrêt maladie pour dépression.

La visibilité est déterminante

Le tribunal a toutefois décidé que l'homme était coupable. Il aurait dû adapter sa conduite à la luminosité, car selon le code de la route, il faut toujours pouvoir s'arrêter à la vue d'un obstacle sur la chaussée.

Or, l'accusé prétend que la visibilité était de 60 mètres, selon la portée de ses phares. Sa vitesse de 100km/h était donc trop élevée, puisqu'il n'a pas réussi à dévier ou freiner à temps.

«De nuit sur l'autoroute, on doit s'attendre à tout», a fait remarquer la présidente du tribunal. De manière générale, il convient donc de rouler moins vite que la vitesse autorisée, de nuit, surtout lorsque la visibilité est mauvaise.

Policière acquittée

En 2014, une policière avait également heurté un homme couché sur l'autoroute à Payerne lors d'une intervention. Elle a toutefois été acquittée par le Tribunal pénal de la Broye, sa vitesse étant jugée adaptée à la situation puisqu'elle se dirigeait vers la scène d'une agression en cours.

Autre affaire, situation similaire: en août dernier, une femme de 49 ans s'était allongée sur l'autoroute à la hauteur de la sortie de Morges-Ouest, passant sous les roues de plusieurs véhicules, et notamment un poids-lourd. Une enquête avait été ouverte.

Envies suicidaires? Faites-vous aider!

Selon stopsuicide.ch, la problématique du suicide est un sujet complexe et multiple qui ne peut s'expliquer au travers d'une réponse unique. Cette association vise à briser le tabou qui englobe le suicide afin de réfléchir aux différents moyens permettant de mettre en oeuvre une aide concrète destinée aux jeunes en souffrance.

D'autres structures comme La Main Tendue (composez le 143) et la Ligne d'aide pour jeunes (147) sont également disposées à aider.

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