Cannabis en Suisse«La guerre contre la drogue a échoué»
Une dépénalisation permettrait un meilleur contrôle des substances en circulation, ce qui réduirait les risques pour la santé des consommateurs, selon le texte présenté mardi.
La Coordination politique des addictions (CPA) préconise une régularisation du marché pour éviter le trafic de drogue dans les rues et ses conséquences, notamment sur les jeunes.
«La guerre contre la drogue a échoué», a déclaré devant les médias mardi à Zurich la présidente de la CPA Marina Carobbio. Dans son rapport, la coordination propose par conséquent des formes alternatives de régulation du marché pour la Suisse. Une politique qui «coûterait moins cher à l'Etat et amènerait plus de sécurité à la société».
«Pour chaque substance psychoactive, un modèle différent doit être pensé», propose la conseillère nationale (PS/TI). «Nous avons besoin de systèmes qui contrôlent mieux le marché et qui réduisent les risques pour la santé des consommateurs.»
Il s'agit non seulement de protéger les enfants et les jeunes le mieux possible, mais aussi d'assurer de façon optimale la sécurité dans l'espace public, insiste-t-elle.
Marché noir florissant
La politique punissant toute personne qui vend, achemine, détient, cultive ou consomme des stupéfiants n'a pas fait ses preuves. Le trafic et la consommation de drogues se poursuivent et le marché noir fleurit.
Dépénaliser le cannabis éviterait un accès à un marché illégal, permettrait de mieux contrôler la qualité des substances en circulation, améliorerait la sécurité de l'espace public et réduirait l'accès des jeunes aux drogues, lit-on dans le rapport.
La qualité des substances laisse souvent à désirer et ces dernières sont de ce fait très dangereuses pour la santé dans de nombreux cas, explique Thilo Beck, médecin-chef à Arud (association en faveur de la dépénalisation, membre de la CPA).
La politique en matière de drogues doit évoluer en Suisse si elle veut rester un modèle de réussite, souligne-t-il. Selon lui, il faut s'éloigner de la division historique entre substances légales et illégales.
Encourager les projets pilotes
Avec la disparition des scènes ouvertes, la problématique de la drogue est moins présente dans l'agenda politique. Des propositions pour une légalisation réglementée du cannabis se dessinent par conséquent dans plusieurs villes, comme à Zurich, Berne, Genève ou Bâle.
A l'instar de la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues, qui a publié son rapport fin mars, la CPA propose que ces expériences soient encouragées et suivies avec attention. (ats)