Suisse-UE«La préférence nationale n'est pas possible»
La commissaire européenne de l'emploi critique les mesures envisagées en Suisse pour la mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse.

La commissaire européenne de l'Emploi, des affaires sociales, des compétences et de la mobilité des travailleurs, Marianne Thyssen.
photo: KeystoneRemplacer l'initiative contre l'immigration de masse par des mesures favorisant les travailleurs suisses sur les citoyens européens est impossible, selon la commissaire européenne Marianne Thyssen. De telles mesures seraient inconciliables avec la libre circulation des personnes.
«Donner la priorité aux travailleurs indigènes implique une discrimination des citoyens européens. Je n'y vois également aucune valeur ajoutée pour le marché européen commun, auquel la Suisse participe à travers l'accord sur la libre circulation des personnes», affirme la commissaire européenne pour l'emploi, les affaires sociales et les travailleurs dans une interview publiée vendredi dans le «Schweizer Illustrierte».
Adapter l'initiative
La Commission des institutions politiques du Conseil national a récemment demandé à l'administration fédérale d'adapter l'initiative contre l'immigration de masse et d'examiner avec attention l'idée de préférence nationale. En avril, elle a réclamé des mesures concrètes.
Le Conseil fédéral a présenté en février sa proposition de mise en oeuvre de l'initiative. Bien que la Constitution l'exige, la préférence nationale n'y est pas mentionnée explicitement.
En juillet 2014, la Suisse avait déjà émis officiellement auprès de l'Union européenne (UE) le souhait d'adapter l'accord sur la libre circulation des personnes au nouvel article constitutionnel. L'UE avait refusé cette demande de révision et fait clairement savoir que de nombreux contingents et restrictions, tout comme une priorisation des travailleurs indigènes, sont en «contradiction fondamentale» avec l'accord sur la libre circulation des personnes.
Pas de récompense
Selon Mme Thyssen, cela n'a pas de sens de comparer les négociations avec la Suisse et la question du «Brexit». «Ce sont deux paires de chaussures totalement différentes.»
Dans l'interview, la commissaire européenne s'est également exprimée sur la récente ouverture du tunnel de base du Gothard. L'UE ne va «certainement pas récompenser (la Confédération) pour ce tunnel». Selon elle, le Gothard est un investissement pour la Suisse et son économie. Chaque pays doit construire les infrastructures nécessaires dans son pays. «Et la Suisse ne va pas faire passer les marchandises gratuitement», conclut-elle.