Les libres penseurs suisses:«Les croix sur les sommets doivent disparaitre»
L'association suisse des libres penseurs s'attaque aux symboles religieux sur les sommets, estimant que les croix n'ont rien à y faire.

Pour les libres penseurs suisses, les croix chrétiennes n'ont rien à faire sur les sommets du pays, comme ici au Calanda, dans les Grisons.
KeystoneLes croix et autres symboles religieux n'ont rien à faire sur les sommets du pays. Du moins à en croire l'association suisse des libres penseurs.
Dans la presse dominicale alémanique, elle explique qu'elle veut limiter au maximum le nombre de croix ornant les sommets helvétiques. Contactée par le Blick, Reta Caspar, directrice de l'association, donne le ton. «Nous ne voulons pas de croix supplémentaires. La plupart ont été posées avant 1969. Aujourd'hui, il faut des autorisations pour en poser de nouvelles et nous voulons que les autorités soient le plus strictes possible.»
Pour les libres penseurs, les montagnes sont un espace public qui n'a pas à être marqué par des symboles religieux. «D'autant plus dans un pays où les chrétiens ne seront bientôt plus majoritaires. Je suis sûre que le prochain recensement de la population montrera que la Suisse compte au moins 20% de personnes sans confession», poursuit Reta Caspar.
Polémique
Urs Wellauer fait justement partie de ces Suisses qui ne revendiquent pas d' appartenance religieuse. Mais ce guide de montagne n'en trouve pas moins l'idée des libres penseurs absurde: «En quoi ces croix gênent-elles? Combien sont-ils, dans leur association, à monter régulièrement sur les sommets? Ces croix font partie de notre culture. Elles sont là depuis des siècles pour certaines, et doivent rester pour des siècles encore.»
Mais tous les guides de montagne ne sont pas du même avis. Le Fribourgeois Patrick Bussard, par exemple, lutte contre la présence des croix sur les sommets. En réaction aux méfaits de l'Eglise, il a avoué l'an dernier avoir profané les croix du Vanil-Noir et des Merlans, dans les très catholiques préalpes fribourgeoises. A l'époque des faits, le guide prévoyait d'ailleurs une initiative pour la suppression des croix sur les sommets.
«Nous soutiendrions sans hésitation une telle initiative», souligne Reta Caspar. «Planter des croix partout est contraire à la liberté religieuse.»
Le guide saccageur est ravi
A quelques mois de son procès pour ses coups d'éclats, Patrick Bussard se réjouit de voir d'autres que lui s'emparer du débat qu'il a lancé à grands coups d'actions chocs: «Mais je souhaite désormais passer à autre chose». Nulle question donc, de s'engager aux côtés d'un parti politique ou d'une association pour lutter contre l'existence des croix sur les sommets. «Mon action était une action de terrain, que j'ai menée seul.» Il précise néanmoins qu'un militant libre-penseur le soutiendra durant son passage devant les juges.
Le drapeau suisse, bientôt?
«Ces gens qui luttent contre les croix cherchent à se donner une importance qu'ils ne méritent pas, conclut le valaisan Theodor Wyder, de la fondation Croix aux sommets. Responsable de l'érection d'une dizaine de croix depuis 1993. Il y a une minorité qui cherche à imposer sa volonté à la majorité des chrétiens qui compose ce pays. On est quand même encore dans un pays chrétien!» Ironique, il conseille aux «libres-penseurs» de s'attaquer à la croix du drapeau suisse, quand ils en auront fini avec celles des sommets ou des salles d'école.
Une période difficile pour les incroyants
Les libres penseurs ont enregistré deux défaites ces derniers temps. La semaine passée, dans le canton de Lucerne, une famille allemande sopposant aux crucifix dans les classes décole a quitté la Suisse après avoir reçu des menaces de morts. Quelques jours auparavant, en Valais, un enseignant libre penseur a été licencié pour refuser daccrocher un crucifix dans sa classe.