SuisseSimonetta Sommaruga: «il n'y a pas d'élite»
La conseillère fédérale socialiste critique le débat au sein de son parti autour d'un prétendu fossé entre peuple et élite

Pour la Bernoise, il n'y a pas plus de fossé en Suisse qu'aux USA d'ailleurs.
KeystoneL'existence ou non d'un fossé toujours plus grand entre le peuple et l'élite en Suisse est âprement discuté au sein du Parti socialiste. Un débat qui fait rage depuis l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Du coup, la Neue Zuercher Zeitung est allée questionner la conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga. Et celle-ci est très claire: pour elle, il ne s'agit que de «bavardages».
Pour la Bernoise, il n'y a pas plus de fossé en Suisse qu'aux USA d'ailleurs. La preuve, avance-t-elle dans l'interview, c'est que la démocrate Hillary Clinton a recueilli, en termes de vote populaire, 1,5 million de voix de plus que son rival républicain (2 millions selon les derniers chiffres, ndlr).
Pourtant, les attaques sur l'existence de ce fossé en Suisse sont venues notamment de l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey et de Rudolf Strahm. Deux socialistes qui estiment que le PS s'est trop éloigné des simples citoyens. Ce que dément Simonetta Sommaruga qui rappelle deux importantes votations gagnées cette année, à savoir celle sur les criminels étrangers et celle sur l'asile.
«J'arrive difficilement à comprendre»
«Deux thèmes émotionnels», dit-elle,« mais où dans les deux cas, une nette majorité s'est dégagée en faveur des positions du Parlement et du Conseil fédéral», rappelle-t-elle. «Et pour l'initiative de mise en oeuvre sur le renvoi des criminels étrangers, on parle même d'un mouvement citoyen», rappelle-t-elle. «Et soudain, en raison de cette élection aux USA, on constate un problème avec l'élite. J'arrive difficilement à comprendre. »
Donc Simonetta Sommaruga l'affirme: il n'y a pas de fossé dans la population en Suisse. «Je peux comprendre qu'aux USA, de nombreuses personnes se fassent du souci pour leur sécurité sociale, même si je doute que la situation s'améliore sous l'ère Trump, dit-elle. Mais chez nous, la situation est différente», estime-t-elle. «Et dans quel autre pays peut-on voir des membres du gouvernement prendre le bus ou se promener librement parmi la population?», demande-t-elle. Pour elle, il faut donc faire attention à ne pas construire des distances qui n'existent pas.
Pourtant la conseillère fédérale ne nie pas que de moins en moins de travailleurs votent pour le PS au profit de l'UDC. «Certes», répond-elle. «Mais qui sont les travailleurs aujourd'hui? Ceux du bâtiment, ceux qui oeuvrent dans les services, comme les femmes de ménage. Autant de gens qui sont souvent étrangers et qui donc n'ont pas le droit de vote. Et quel est le parti gouvernemental qui défend le mieux ces gens-là? Cela reste le PS. »
La lutte des classes en question
Simonetta Sommaruga s'exprime également sur le programme économique qui doit relancer le PS. Un programme qui sera discuté début décembre au congrès du PS et qui déjà divise fortement le parti. Une aile libérale estime que c'est le retour à une lutte des classes, tandis que l'aile gauche estime que c'est la seule manière d'acquérir de nouveaux citoyens à la cause. Pour la conseillère fédérale, «un parti fort a besoin justement de deux ailes et le programme est une bonne analyse». Et de mettre en avant que «personne n'a encore trouvé comment réduire la divergence croissante entre riches et pauvres», avance-t-elle.
Quant à savoir si elle adhère aux idées de ce programme, elle dévie en corner. «De tels papiers de position doivent avoir un côté visionnaire, sans que l'on cherche tout le temps à savoir s'ils sont réalistes ou pas politiquement», indique-t-elle. Avant d'annoncer quand même, plus loin dans l'interview du Tagi, qu'«elle ne devait pas forcément s'identifier dans chacune des propositions» de son parti.