Selon une étudeLes Suisses d'origine étrangère votent à gauche
Les électeurs et électrices naturalisés donnent majoritairement leur voix à gauche de l'échiquier politique suisse, selon un article sur l'étude d'un politologue publié dans la presse dominicale.
Aux dernières élections au Conseil national, 24% des votants avec un passé migratoire ont opté pour le PS. L'UDC n'est toutefois pas loin, en 2e position avec 22%.
Si seuls les citoyens naturalisés avaient voté aux élections fédérales d'octobre 2011, le PS aurait gagné, selon une étude du politologue suisse Oliver Strijbis. Le journal «Schweiz am Sonntag» a publié dimanche des extraits de son rapport, à paraître en décembre dans la «Swiss Political Science Review».
En réalité, le PS avait obtenu 18,7% de l'ensemble des voix il y a quatre ans, se plaçant deuxième. Chez les électeurs sans passé migratoire, sa part était de 17%.
L'UDC avait remporté la part du lion avec 26,6%. Le parti doit ce résultat surtout aux 28% de Suisses de souche qui ont voté pour lui. Parmi les Suisses d'origine étrangère, 22% ont voté UDC. La cote la plus basse de ce parti se trouve chez les électeurs dont les deux parents sont des immigrés.
Le mythe du «secondo» de droite
L'étude bat donc en brèche l'opinion très répandue que les Suisses d'origine étrangère votent plus à droite que les autres. «C'est un mythe», déclare Oliver Strijbis.
Comparés à d'autres pays européens, les Suisses avec des racines étrangères votent toutefois moins à gauche. Cela est dû aux obstacles élevés liés au passeport helvétique: «Ceux qui l'obtiennent ne se distinguent culturellement que peu des Suisses de souche. Leurs votes sont donc similaires».
Près d'un cinquième des électeurs en Suisse sont d'origine étrangère. L'étude s'est penchée aussi bien sur la première que la deuxième génération. Il résulte qu'il n'y a que peu de différences entre les parents naturalisés et leur progéniture, les «secondos».
Le revenu et l'instruction jouent un rôle aux urnes: plus la formation est élevée, plus la tendance à voter au centre est forte. Les Suisses de cette catégorie nés en Suisse votent plutôt à gauche.
Les discriminés votent à gauche
Selon l'étude, l'origine géographique est bien plus importante. La part des électeurs du PS est la plus grande chez les personnes se sentant discriminées par rapport à leur passé migratoire ou dont la population est la cible de campagnes xénophobes.
Parmi elles figurent les personnes d'origine turque, de l'ancienne Yougoslavie, de pays musulmans et d'Afrique noire. Ici, le PS obtient le plus de faveurs. Ces électeurs voient dans ce parti le défenseur des droits et intérêts des immigrés.
Les anciens travailleurs immigrés d'Europe du Sud et leurs descendants votent davantage à gauche que les Suisses de souche, mais moins que le groupe «discriminé». Même si les pays dont provient cette part de la population sont catholiques - Italie, Espagne, Portugal -, le PDC n'en profite guère.
Réflexe anti-communiste
Les personnes originaires de l'ancien bloc de l'Est en revanche votent plutôt pour le camp bourgeois. C'est particulièrement le cas pour celles dont les parents ou elles-mêmes ont immigré en Suisse avant la chute du Mur en 1989, venant par exemple de Tchécoslovaquie, de Hongrie ou de Pologne.
En raison de «ressentiments anti-communistes», ces électeurs se méfient des partis socialistes d'Europe de l'Ouest, constate l'étude.
Chez les autres partis, les différences entre les deux électorats sont moins marquées qu'entre le PS et l'UDC. Pour le PLR, le comportement des Suisses de souche et celui des Suisses avec passé migratoire est similaire. Le PDC et surtout le PBD remportent davantage les faveurs du premier groupe. C'est l'inverse chez les Verts et les Vert'libéraux. (ats)