«Miss Handicap 2010»«A 19 ans, je suis devenue paraplégique...»
La Genevoise Soraya Elouaret est la deuxième candidate romande à l'élection de «Miss Handicap». Elle nous raconte comment sa vie a basculé un soir d'hiver 2004 sur une route de campagne.
20 minutes: Qui êtes-vous en quelques mots?
Soraya Elouaret: J'ai 25 ans. Je vis dans mon appartement à Onex (GE). Je suis une formation à mi-temps à l'Académie de Langues et de Commerce à Genève. En parallèle depuis le 15 juin, j'effectue un stage pour une durée d'une année au sein d'un département administratif de la Police genevoise. Je suis enchantée par ce job.
Quel est votre handicap?
Je suis paraplégique à la suite d'un accident de la circulation qui a eu lieu le 29 décembre 2004. Il s'est déroulé 19 jours avant mes 20 ans, dans la campagne genevoise. J'étais étudiante en dernière année de l'ECG (école de culture général) et ce n'est pas vraiment le cadeau d'anniversaire que j'espérais... Je ne peux me déplacer qu'en fauteuil roulant, mais j'ai encore une partie de sensibilité dans les jambes. Je reste optimiste, pourtant je ne sais pas si je pourrais remarcher un jour...
Comment s'est déroulé votre accident?
C'était vers 2 h du matin. Nous étions trois dans le véhicule et on rentrait de soirée. Je ne conduisais pas, j'étais juste passagère arrière. Sur le pont de Peney, à Satigny, la voiture est partie en tête à queue et a tapé la glissière de sécurité sur la gauche. La route était verglacée et la personne qui conduisait allait trop vite... Lors de l'accident, j'ai été éjectée de la voiture en explosant la vitre arrière. Sur le coup, j'ai eu une vertèbre qui s'est brisée. La moelle épinière a été comprimée sans toutefois être sectionnée. Je me suis blessée à la tête et j'ai aussi eu un hémopneumothorax. J'ai également fait un arrêt cardiaque au moment où les secours m'ont pris en charge! Le plus fou, c'est que je me souviens de tout en détails. Lors du choc, je n'ai pas perdu connaissance. Je me rappelle surtout d'avoir essayé de me lever et de ne pas y être parvenue...J'ai tout de suite compris ce qu'il m'arrivait. A la suite de l'accident, j'ai fait 6 mois d'hôpital et de rééducation...
Pourquoi participer à l'élection Miss handicap?
J'ai découvert cette élection lors d'une exposition en Suisse alémanique, à Nottwil. Miss Handicap avait un stand. J'ai été particulièrement touchée par ce projet, car je trouve que cette initiative est une superbe façon de faire évoluer le regard porté sur les différents handicaps et également pour améliorer leur intégration. Le handicap reste encore tabou en Suisse selon moi ; on n'en parle pas assez. Les gens ont peur de la différence.
Pensez-vous avoir une chance de l'emporter?
Je ne vois pas Miss Handicap comme une compétition ou seulement un concours de beauté. Les organisateurs cherchent une ambassadrice pour représenter et défendre la cause de tous les handicaps. Les autres candidates me semblent toutes très sympa malgré la barrière de la langue. Je suis en effet la seule finaliste à ne pas parler suisse-allemand. Participer à cette élection est toutefois une expérience particulière, assez impressionnante mais très positive.
Pensez-vous que cette élection a un côté voyeuriste?
Pas du tout! Son but n'est pas de comparer les handicaps de chaque candidate. Cette élection veut montrer que peu importe son handicap, on est tous pareille et qu'on peut tous réussir sa vie.
Votre vie n'a donc pas été brisée par votre accident?
Non. Elle a été changé par l'accident mais pas forcément en mal. Ma vie actuelle a vraiment de très bons côtés. J'ai certes dû renoncer à mon rêve de devenir gendarme et de pratiquer les arts martiaux mais j'ai pu découvrir d'autres choses. J'ai bien sûr eu des moments très durs, en particuliers les mois qui ont suivi l'accident, mais maintenant, je peux dire que cela va bien. A vrai dire, cela fait 2 ans que j'ai recommencé à profiter de la vie et quel bonheur !. Je peux encore faire du sport comme du tennis, du fitness ou encore du ski nautique grâce à l'association andigliss, basée à Versoix. Le regard de mon entourage a aussi changé. Mes proches ne voient pour ainsi dire plus mon handicap.