Besoin d'une stratégie dans le domaine de l'eau

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SuisseBesoin d'une stratégie dans le domaine de l'eau

En Suisse, le secteur de l'eau n'est pas armé de manière optimale pour faire face aux changements climatiques et sociaux à venir, selon une recherche.

Des chercheurs, mandatés par la Confédération, recommandent de développer une stratégie nationale dans le domaine de l'eau.

Actuellement, entre les communes et les cantons, il manque des priorités stratégiques et une coordination, a indiqué mardi le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS). La répartition des tâches est complexe entre la Confédération, les cantons et les communes.

«Tout n'est cependant pas noir», a rassuré l'un des auteurs de cette vaste étude, Manfred Stäheli, hydrologue à l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) lors de la présentation des résultats à la presse à Berne. Si l'on parvient à une gestion raisonnable, la Suisse restera à l'avenir un château d'eau.

Selon les chercheurs qui ont participé au programme «Gestion durable de l'eau» (PNR 61) de 2010 à 2013, l'eau comme ressource se résume de plus en plus à la question de savoir comment résoudre les conflits d'utilisation et d'intérêts. Pour y répondre, une stratégie nationale, qui implique tous les acteurs concernés, est nécessaire.

Changements climatiques en altitude

Dans leur rapport, les scientifiques prévoient que les plus grands changements climatiques surviendront dans les zones de montagne. D'ici 2100, la hausse des températures aura pour conséquence une fonte des glaciers pouvant aller jusqu'à 90%.

Quelque 600 lacs de montagne verront le jour, accroissant le risque de crues violentes. En outre, on s'attend à 35% de neige en moins, l'or blanc constituant 42% des eaux écoulées. Lors de l'octroi de concessions pour l'utilisation de l'eau, les cantons de montagne devront être davantage attentifs à la durabilité.

Dans les Préalpes, sur le Plateau et dans le Jura, les changements socio-économiques et techniques influenceront cependant encore davantage que les changements climatiques le secteur de l'eau, selon les chercheurs. Et d'énumérer simplement la pression démographique et le secteur de l'agriculture.

Pénuries saisonnières

Si la Suisse possède en effet globalement assez d'eau, toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. La quantité disponible à certaines époques de l'année peut devenir problématique et conduire à des conflits. Dans la Broye, par exemple, les agriculteurs font déjà face à des pénuries d'or bleu pour leurs cultures en été.

Pour les chercheurs, il faudrait redéfinir les conditions économiques afin de réduire les besoins en eau: cela pourrait aller de l'encouragement à d'autres types de cultures, au recours à d'autres méthodes d'irrigation ou à une hausse du prix de l'eau.

La collaboration entre les régions, les autorités en charge de la gestion de l'eau et les instances politiques deviendra toujours plus importante, soulignent les chercheurs. Ce changement de paradigme nécessite des structures plus efficaces, estime Franziska Schmid qui a participé au volet consacré à la gouvernance.

Gestion trop disparate

Il y a aujourd'hui trop d'instances de décision, trop d'acteurs et des réglementations parfois contradictoires dans le domaine de l'eau. Mais inutile il de vouloir imposer une gestion intégrée à l'ensemble de la Suisse. Les problèmes doivent être abordés à l'échelle régionale en accord avec les communes, notamment pour des aspects comme la renaturation des eaux, la protection contre les crues ou l'assainissement d'infrastructures de traitement des eaux usées.

Pour le PNR 61, il ne suffit cependant pas de réformes à l'échelle locale. Il faut des lignes directrices claires et des incitations qui viennent de la Confédération. Une véritable stratégie nationale de gestion de l'eau est nécessaire. Il serait notamment judicieux d'identifier avec les cantons tous les bassins versants appropriés.

L'octroi de contributions financières par la Confédération pourrait aussi être subordonné à certaines obligations imposées aux acteurs, proposent les chercheurs. Les subventions seraient par exemple réservées aux techniques d'irrigation durable. La Confédération doit par ailleurs assurer le suivi des résultats et soutenir la recherche. (ats)

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