Elle dépose 150 plaintes grâce à un faux profil

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Jolanda Spiess-HegglinElle dépose 150 plaintes grâce à un faux profil

Une ancienne députée zougoise traque les insultes et les appels à la haine sur internet. Elle les traîne ensuite devant la justice.

asc/rmf
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L'ancienne députée zougoise fait la guerre aux comportements violents sur internet.

L'ancienne députée zougoise fait la guerre aux comportements violents sur internet.

Keystone/Urs Flueeler

Députée cantonale verte entre 2014 et 2016, la politicienne zougoise Jolanda Spiess-Hegglin est désormais passée au parti pirate. Son combat, actuellement, est de pacifier internet, et notamment Facebook.

Porter plainte en moins de 5 minutes

La trentenaire a fondé en octobre dernier l'association Netzcourage (littéralement «courage sur internet»). Depuis, elle traque les comportements agressifs sur la Toile: elle a déjà déposé 150 plaintes pour diffamation, atteinte à l'honneur ou encore appel à la violence, affirme-t-elle. Elle est désormais tellement rodée à la procédure qu'elle peut porter plainte en moins de cinq minutes.

Pour parvenir à les débusquer, l'ancienne députée a une astuce. Dans un post Facebook, elle avoue disposer d'un second compte sous un pseudonyme, et l'utiliser pour aller voir comment fonctionne la «scène misogyne de droite». C'est ainsi qu'elle rassemble le matériel pour ses plaintes. Via ce biais, Jolanda Spiess-Hegglin explique avoir depuis deux ans rejoint des groupes Facebook misogynes et de droite radicale, mais ne pas jouer les agents provocateurs.

Alter ego viril

«20 Minuten» a pu accéder à ce faux profil, et rapporte que son alter ego est viril, dispose de plus de 600 amis dont de nombreux conseillers nationaux, s'intéresse au sport et suit diverses pages UDC. Il est aussi membre de plusieurs groupes plutôt de droite, où l'on disserte contre les étrangers et où les théories du complot vont bon train, par exemple «Charia non merci». Cependant, cet avatar n'est pas très actif.

«Une vendetta absurde»

Un homme a cependant réagi contre ce qu'il dénonce comme étant une vendetta. Le Conseiller national UDC Andreas Glarner a déjà dénoncé la calomnie en ligne. Il condamne toutefois la manière de faire de la politicienne, qui a déjà liké une de ses publications ciblant la communauté érythréenne. «Bien sûr que les gens devraient bien se comporter en ligne, estime-t-il. Mais de dénoncer systématiquement tout ce qui est limite, c'est absurde.» Il juge la pratique du faux compte très discutable, même s'il avoue qu'elle a probablement trouvé «un modèle d'affaires».

Toujours est-il que les plaintes de l'association sont souvent couronnées de succès. Les seules dénonciations qui posent problème sont celles qui concernent des personnalités publiques, comme l'ancienne présidente des jeunes socialistes bernois Tamara Funiciello, cible de nombreuses insultes après avoir publié une publicité pour une manifestation sur laquelle elle posait seins nus. L'argent récolté lors de procédures à l'amiable va dans les caisses de l'association, qui planifie actuellement une campagne de prévention.

La situation juridique

La création d'un faux profil pour dénoncer des propos n'est pas un problème au regard de la loi, selon l'avocat Martin Steiger. Les déclarations criminelles publiées dans un groupe Facebook fermé sont généralement considérées comme déclarations publiques par le droit pénal, et jugées en conséquence. La question du faux profil n'influence la procédure que si celui-ci a provoqué la personne pour la faire s'exprimer de façon violente.

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