Blocher crée le malaise en comparant médias et nazis

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Faux pasBlocher crée le malaise en comparant médias et nazis

Dans une interview, l'ancien conseiller fédéral a estimé que l'attitude des médias envers l'UDC lui rappelait les méthodes nazies envers les juifs. Embarras jusqu'au sein du parti.

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cht/nxp
Christoph Blocher a à nouveau tenu des propos provocants dans la presse.

Christoph Blocher a à nouveau tenu des propos provocants dans la presse.

photo: Keystone

L'affaire agite lundi les médias alémaniques qui rebondissent sur des propos de Christoph Blocher tenus dimanche dans le journal Zürichsee-Zeitung. Interrogé sur le fait qu'il plaidait pour que l'UDC lance désormais moins d'initiatives, le vieux stratège du parti a osé une comparaison qui fâche avec le parti national-socialiste allemand.

«Méthodes nazies»

Interrogé sur les raisons qui le poussent à plaider pour que l'UDC lance à l'avenir moins d'initiatives, Blocher a eu d'abord ces mots: «Si tous les médias et les autres partis ne font que calomnier, discriminer et descendre en flèche l'UDC, alors il n'est plus possible de voter sur les questions de fond.» Voilà pour la partie classique de la critique. Mais il ne s'en est pas tenu là et a continué: «La campagne contre l'initiative de mise en oeuvre (ndlr: sur le renvoi des criminels étrangers) a atteint un pic sans précédent. La fronde contre l'UDC, du Blickà la NZZ, m'a rappelé, dans sa radicalité, les méthodes des nazis contre les juifs.»

C'est bien évidemment cette seconde partie qui fait grincer bien des dents. A commencer par la Fédération des communautés juives: «Malheureusement, ce genre de comparaisons, qui banalisent la persécution des nazis envers les juifs, devient courante. Cela témoigne d'une grande méconnaissance de l'histoire», s'indigne le secrétaire général Jonathan Kreutner, dans le Blick.

La phrase controversée de Christoph Blocher a également provoqué un vif débat sur les réseaux sociaux alémaniques, dont le médiateur de la SSR Roger Blum est intervenu. Pour lui, avoir laissé l'ex-patron de l'UDC s'exprimer ainsi dans un média sans le contredire, relève de la faute grave. «C'est toucher le fond en matière de journalisme.»

L'UDC tique aussi

Mais au sein même de l'UDC, les propos du vieux ténor font bondir. «Je comprends que les citoyens juifs soient sensibles à cette question», a ainsi indiqué le conseiller national argovien Ulrich Giezendanner. «Il faut que Blocher se rende compte de ce qu'il dit. Personnellement, je détesterais que l'on associe quoi que ce soit à cette période terrible.»

Même le conseiller national grison Heinz Brand, pourtant réputé pour être de l'aile dure du parti, n'approuve pas. S'il comprend le premier volet de la pensée de Christoph Blocher, le président de la commission des institutions politiques du National est clair: «Je ne me permettrais pas une comparaison avec la persécution envers les juifs. Cela va trop loin. Les nazis avaient des motivations très différentes et d'autres moyens.»

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