MigrantsLes Suisses invités à violer la loi
La présidente des jeunesses socialistes, Tamara Funicello, applaudirait si les citoyens jouaient les passeurs.

Tamara Funiciello soutient bec et ongles sa collègue tessinoise.
photo: KeystoneJeudi, la députée cantonale Lisa Bosia Mirra était interpellée à Stabio (TI). On lui reproche d'avoir aidé quatre migrants mineurs à traverser la frontière depuis l'Italie. Alors que la fraction cantonale de son parti (PS) fait profil bas, les jeunes socialistes applaudissent des deux mains. «C'est une héroïne!» exulte leur présidente sur Twitter.
Tamara Funicello va encore plus loin. Elle verrait d'un très bon œil que les Suisses s'organisent pour aider les candidats à l'entrée sur le territoire à passer la frontière. Des initiatives de ce genre existent notamment en Allemagne, où des activistes de gauche jouent les taxis pour les clandestins. «J'espère que nous n'aurons pas à en arriver là. Mais si les droits fondamentaux des migrants ne sont pas respectés, nous devons réagir. Même en sortant du cadre légal», tonne-t-elle.
«La gauche se transforme en bande de passeurs»
Cet appel du pied à jouer avec la loi n'est pas du goût du conseiller national Andreas Glarner (AG), responsable du dossier de l'asile à l'UDC. «La gauche se transforme en bande de passeurs», s'exclame-t-il, craignant que de nombreux citoyens suivent le mouvement. «Ce qui est sûr, poursuit-il, c'est que ceux qui sont pris doivent être punis de manière cohérente.» Pour lui, cela ne fait aucune différence si les gens sont payés ou non pour faire passer les migrants.
Une distinction que la loi ne fait pas non plus. Celui qui encourage, d'une quelconque manière, le séjour illégal risque jusqu'à un an de prison. Celui qui en fait le commerce risque toutefois jusqu'à cinq ans d'emprisonnement. Les migrants attrapés, eux, ne peuvent pas être renvoyés d'où ils viennent, si ils demandent officiellement l'asile. Ils sont placés dans des structures d'accueil le temps que leur dossier soit étudié. En revanche, ceux qui veulent traverser le pays, par exemple pour aller d'Italie en Allemagne, ou qui sont enregistrés dans un autre pays de l'UE, sont refoulés.
Avis partagés
Quant à Lisa Boria Mirra, certains demandent son exclusion du Parlement cantonal tessinois: «Je pense qu'elle a franchi toutes les limites», déclare Stefano Tonini (Lega), membre du législatif de la ville de Chiasso (TI). «Je pense qu'on devrait lui demander de se retirer. Une personne qui enfreint la loi d'une telle façon ne peut pas représenter le peuple», estime-t-il.
La députée cantonale arrêtée jeudi peut toutefois compter sur la solidarité de deux de ses collègues du Grand conseil bâlois. Tonja Zürcher et Beat Leuthard, du parti alternatif BastA, fustigent le comportement des gardes-frontières. Ils espèrent que Lisa Bosia Mirra sortira complètement blanchie de cette affaire.