Les enfants fumeurs, une tradition qui scandalise

La revue du bétail, qui se déroule début octobre en Appenzell Rhodes-Intérieures, attire chaque année de nombreux visiteurs. Le but de la manifestation: évaluer les bêtes selon leur beauté et leur performance. «Les paysans sont très fiers de présenter leurs animaux aux visiteurs», explique Walter Frick, de l'Appenzeller Brauchtumsmuseum, un musée spécialisé dans les us et coutumes du canton.

Si la rencontre est toujours un grand succès, certains touristes s'étonnent néanmoins chaque année de voir des enfants la «clope au bec». Ce qui scandalise les personnes venues de l'extérieur n'est rien d'autre qu'une vieille tradition pour les Appenzellois. «Il est vrai que les enfants ont le droit de fumer pendant les revues du bétail», confirme Rosalia Keller, porte-parole d'Appenzellerland Tourismus pour Appenzell Rhodes-Intérieures. Elle ignore d'où vient exactement cette tradition. «Ça a toujours été comme ça. On interdit la cigarette dans de plus en plus d'endroits et, chez nous, même les enfants ont le droit de s'en allumer une», admet-elle.

Selon l'agriculteur Max Fürer, cette tradition existe aussi en Appenzell Rhodes-Extérieures. L'homme de 64 ans affirme avoir lui aussi fumé étant petit lors de ces manifestations: «Je fumais uniquement des cigares. Mais j'étais chaque fois malade après. Maintenant, je ne fume plus du tout.» Quant à l'âge des bambins qui fument lors des revues du bétail, Max Fürer explique que certains n'ont que 6 ans.

Malgré la tradition, le Département de la santé d'Appenzell Rhodes-Intérieures déconseille aux parents d'autoriser leurs enfants à fumer, même si ce n'est qu'occasionnellement. «Chez nous, cette tradition est acceptée par la grande majorité de la population. Mais nous ne pouvons pas la cautionner», explique le secrétaire du département, Mathias Cajochen.

Même son de cloche auprès de la Ligue pulmonaire . «Fumer n'est pas bon pour la santé, surtout pour les petits. Leur corps est encore en pleine croissance. Il existe même un risque que leurs poumons ne se développent pas complètement», critique la porte-parole Barbara Weber. Elle précise également que la nicotine est une substance à forte dépendance. «Un tiers des personnes qui essaient la cigarette seront dépendantes un jour. Plus on commence tôt à fumer, plus il sera difficile d'arrêter plus tard.»

Selon l'Office fédéral de la santé publique, près de 9000 personnes meurent chaque année en Suisse des suites du tabagisme.