SuisseEn finir avec les profs trop politisés
Les jeunes UDC souhaitent que les élèves puissent se plaindre lorsqu'un enseignant, trop à gauche ou à droite, utilise sa classe comme tribune. Les experts sont opposés.
Un prof d'histoire qui plaide pour l'adhésion à l'Union européenne lors de ses cours. Un autre qui conseille d'accepter une proposition de Christoph Blocher. Ces exemples dérangent les jeunes UDC. Pour eux, trop d'enseignants dispensent leurs leçons autour d'idées politiques, surtout au niveau gymnasial ou professionnel. Dans un communiqué, ils ont annoncé qu'ils allaient lutter contre l'«endoctrinement politique des jeunes». Pour ce faire, ils comptent créer une plateforme internet où les élèves pourront faire part de leurs expériences.
Communisme banalisé
Contacté par «20 Minuten», Anian Liebrand, président des jeunes UDC, explique que la problématique n'est pas prise au sérieux par les écoles. Selon lui, la politique de droite est systématiquement diabolisée et le communisme banalisé. Dans un autre sens, «la propagande UDC n'a pas non plus sa place dans les salles de classe», explique-t-il.
Des propos que dément le conseiller national bernois et président des commissions de la science, de l'éducation et de la cultureMatthias Aebischer: «Les déclarations de M. Liebrand sont à la limite de la paranoïa. Si l'on en croit les jeunes UDC, tous les médias, les enseignants et les programmes d'études sont de gauche.» Selon le député fédéral, le projet tient plus d'une «propagande risible» que d'un soutien aux étudiants.
«Aucun prof n'est neutre»
Lilo Lätzsch, présidente de l'Association zurichoise des enseignants, partage cet avis: «Si un élève se sent trop influencé, il peut essayer de dialoguer avec l'enseignant ou la direction», lance-t-elle. Et des cours politiquement neutres sont, pour elle, une utopie: «L'attitude de l'enseignant, quelle qu'elle soit, se ressent toujours dans la classe. Et ces derniers le savent. Il est donc exagéré de parler d'endoctrinement. Et dénoncer des enseignants qui se laisseraient aller n'est pas une bonne idée.»
Anian Liebrand refuse toutefois le terme de dénonciation: «Nous voulons simplement que les profs qui se servent de leur classe comme laboratoire politique soient mis sous pression.» Car la plateforme ne permettrait pas que les noms de ces derniers soient publiés.
Pour le conseiller national UDC et enseignant de formation Oskar Freysinger, il y a surtout un problème de subjectivité: «Prenez un cours d'Histoire. Comment peut-on distinguer ce qui est trop politisé ou pas. La frontière est extrêmement ténue», estime le Valaisan.
Tuer la confiance
«Pour que le système éducatif fonctionne, il faut que la confiance règne entre la population et l'école. Je ne sais pas à quoi jouent les jeunes UDC, mais ils essaient d'instaurer une suspicion systématique dangereuse. C'est navrant!», analyse pour sa part le président du Syndicat romand des enseignants (SER), Georges Pasquier.
Et le syndicaliste d'assurer que les profs respectent de facto l'avis des élèves: «Les membres de notre organisation reçoivent par ailleurs un code de déontologie, qui précise que la salle de classe n'est pas une tribune politique. J'ai connu quelques cas où l'enseignant est allé un peu trop loin, mais cela a vite cessé.»
Enfin, les jeunes peuvent avoir accès à tous les points de vue sur internet et dans les médias. «Les élèves ne sont vivent pas dans une bulle, on ne peut pas les formater comme on veut», conclut le Genevois.
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Les profs font-ils trop de politique en Suisse ?
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