L'UDC accusée de «contourner» le système

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SuisseL'UDC accusée de «contourner» le système

L'UDC veut «transformer la Suisse en pratiquant une démocratie basée sur les initiatives», selon un politologue.

L'UDC aimerait contourner le Conseil fédéral et le Parlement, affirme le Zurichois Michael Hermann dans une interview aux quotidiens alémaniques «Tages-Anzeiger» et «Bund». «Cela passe notamment par le biais des initiatives de mise en oeuvre», explique M. Hermann. Le parti n'aurait «rien moins que l'essence de la Suisse dans le collimateur.» Dont la pratique du consensus et de la négociation font partie. «Il est tout de même ironique que ce soit le parti le plus accroché aux traditions helvétiques qui s'attaque à notre système politique,«poursuit le politologue.

Pendant longtemps, le parti a combattu les décisions du Parlement qui ne lui plaisaient pas grâce aux voix des électeurs et aux référendums. Mais les référendums ne permettent que de réagir au niveau du système politique. «Avec les initiatives, on peut au contraire modeler ce système politique.»

Pour M. Hermann, les prochaines élections passeront au second plan, derrière les initiatives de l'UDC. «Le parti semble l'avoir compris: un deuxième conseiller fédéral ne lui garantira pas beaucoup plus d'influence. C'est lorsque le parti fait aboutir une initiative importante qu'il a vraiment de l'influence.»

Le politologue reproche encore aux adversaires de l'UDC et à l'UDC elle-même d'ignorer la réalité. Auparavant, ces adversaires ont pris «beaucoup trop au sérieux» les succès électoraux du parti. Aujourd'hui, l'UDC fait preuve d'intelligence dans son marketing politique, d'habileté tactique et d'initiatives ingénieuses, en vue de transformer le système. «Et tout le monde reste impassible», regrette Michael Hermann.

Hannes Germann sceptique

Dans la presse dominicale, l'ancien conseiller fédéral UDC Adolf Ogi s'est montré outré par les projets d'initiatives, récemment dévoilés par Christoph Blocher. Pour lui, «les démocrates du centre raisonnables» doivent «se lever maintenant et arrêter» le tribun zurichois. Et de citer, entre autres, le conseiller aux Etats Hannes Germann (SH).

Ce dernier s'est notamment exprimé sur la question de la multiplication des initiatives par l'UDC, dans une interview donnée lundi au «Tages-Anzeiger»: «Je trouve généralement dangereux de combattre sur plusieurs fronts. Et je suis sceptique lorsque les partis se reposent trop fortement sur des initiatives comme instrument de marketing politique, plutôt que de faire sérieusement leur travail législatif à Berne.» Et de rappeler que ce reproche d'abuser des initiatives était auparavant fait au PS. «L'UDC fait la même chose désormais.»

M. Germann prend encore l'exemple de la mise en application de l'initiative sur l'immigration de masse. Le Conseil fédéral a jusqu'à présent fait des propositions prudentes, orientées vers un consensus, rappelle-t-il.

Les exigences maximales de la droite et les tentatives de blocage de la gauche n'apportent rien en terme de solutions. «En politique, les positions tranchées, noires ou blanches, ne sont jamais les bonnes solutions», affirme encore le conseiller aux Etats. (ats)

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