Des villes veulent interdire la distribution de Corans

Actualisé

SuisseDes villes veulent interdire la distribution de Corans

Des municipalités ont déjà refusé des autorisations aux mouvements salafistes. Elles pourraient servir d'exemples.

par
smk/nxp

L'action du gouvernement allemand contre les milieux salafistes mardi pousse les autorités suisses à réagir. Si des interdictions au niveau fédéral, voire cantonal, sont difficilement envisageables, des villes alémaniques songent à franchir le pas, comme l'explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 16 novembre 2016.

Elles pourraient s'inspirer des municipalités argoviennes. La ville de Brugg a interdit les distributions de Coran depuis juin 2012. «Il est apparu que des islamistes radicaux étaient à la manoeuvre», a expliqué le président de la ville Daniel Moser. «Mais nous sommes en général plutôt restrictifs et cela concerne aussi les scientologues ou les bibles de Gédéon.» Plus aucune demande de la part de «Lis» n'a par la suite été déposée.

Une autre ville argovienne, Baden, a adopté une autre approche. Elle n'autorise que deux autorisations de stand par an et par groupe. Ce qui réduit la présence des prédicateurs salafistes dans la rue, a souligné le président de la municipalité Geri Müller.

Experts externes

Pour le moment, la plupart des grandes villes alémaniques tolèrent les actions de «Lis» au nom de la liberté de religion. Les salafistes sont ainsi très présents dans les rues à Zurich et à Winterthour. Ce qui ne fait pas forcément plaisir aux autorités, comme le rapporte 20 Minuten.

Le directeur de la sécurité publique à Zurich, le socialiste Mario Fehr, ne reconnaît «aucune sympathie pour la distribution de Corans» mais rappelle que les moyens de l'interdire ne sont pas évidents. Il a mandaté des experts externes «pour établir quelles sont les possibilités d'une limitation, voire d'une interdiction. Nous voulons mettre hors course des organisations trop proches des djihadistes et autres promoteurs de violence».

«Seule la Suisse laisse faire»

Le conseiller national Lukas Reimann (UDC/SG) estime que la Suisse est trop négligente. «L'Allemagne frappe, l'Autriche interdit les financements en provenance de l'étranger. Seule la Suisse laisse faire.»

Lors de la session d'hiver, il va demander au Conseil fédéral s'il a l'intention d'interdire «Lis». Il importe également d'empêcher les auteurs de plonger dans la clandestinité en cas d'interdiction, a ajouté le conseiller national.

Distribution de biographies

En attendant, les salafistes de Suisse continuent leurs actions de prosélytisme. Un homme d'origine macédonienne a prévu de distribuer mercredi à Bâle des exemplaires d'une biographie de Mahomet. Il donnera à cette occasion des livres audio destinés aux enfants et fera la promotion d'une application à télécharger.

Derrière cette action se trouve «We love Muhammad», la nouvelle organisation salafiste allemande qui doit remplacer «Die Wahre Religion» (DWR), désormais interdite outre-Rhin. Ce sera la première action de la nouvelle association en Suisse mais elle en prévoit d'autres à Berne et dans le canton d'Argovie.

Ton opinion