Apprentissage du françaisNouvelle méthode décriée par les parents d'élèves
Des parents se plaignent auprès du canton de Berne du mauvais niveau de leurs enfants après quatre ans de leçons de français dès la 3e année scolaire.

Est-ce que cela vaut la peine d'enseigner une langue étrangère aux enfants dès leur plus jeune âge à l'école? Pour ces parents de Wilderswil, dans l'Oberland bernois, la réponse est clairement non. «Une maman témoigne ce mardi dans la «Berner Zeitung»: notre fille a pris 351 leçons de français. Mais elle arrive à peine à former une phrase complète», critique-t-elle. Et son opinion rejoint celle de la plupart des parents concernés dans son village.
Ces enfants sont-ils particulièrement mauvais? Pas forcément, estime la mère de famille. Ils ont juste la malchance d'appartenir à la première génération d'élèves qui apprennent le français depuis la 3e au lieu de la 5e année d'école.
Depuis 2011, les élèves de l'école obligatoire de 6 cantons alémaniques (Berne, les deux Bâles, Soleure, Fribourg et Valais) apprennent le français dès la 3e dans le cadre du projet Passepartout. Une maison d'édition a créé à cet effet deux programmes d'apprentissage, les livres «Mille feuilles» pour les plus jeunes et «Clin d'oeil» pour les plus grands.
Programmes controversés
Et c'est le programme «Mille feuilles» qui est au coeur de la controverse. Car il n'inculque pas aux enfants la grammaire et l'orthographe, mais leur fait apprendre le français de manière ludique en développant des stratégies pour comprendre les textes difficiles.
Cette manière didactique n'a donc pas l'air de plaire aux adultes. Ils sont si fâchés de cette méthode que les parents de 16 classes de 7e année viennent d'écrire aux autorités cantonales bernoises pour protester. Selon eux, leurs enfants, après quatre ans, ont moins de connaissances en français que ceux qui, après une année, se sont mis à la langue de Molière avec l'ancienne méthode «Bonne chance».
«Les profs aussi critiques»
Les parents sont rejoints dans leur combat par les profs eux-mêmes. Selon un enseignant, si les enfants ont de la difficulté, c'est qu'il y a un fossé entre l'enseignement moyen et secondaire. «Les manuels scolaires doivent être construits de manière coordonnée entre eux. Mais ça n'est pas le cas», critique-t-il. Selon lui, la méthode exige trop de bonne volonté pour parler la langue de la part des élèves. Le nouveau système d'apprentissage et les matériels d'enseignement seraient irréalistes et dépasseraient même les bons élèves.
Du côté des autorités cantonales, on défend la méthode. Un responsable du Département de l'éducation refuse de prendre des mesures concrètes face aux revendications des parents. En revanche, il exhorte ceux-ci à affronter sereinement ce nouveau support de cours. «Ils découvriront qu'ils n'apprennent pas moins bien le français qu'avant; ils l'apprennent simplement différemment et d'autres choses en même temps», tempère-t-il.