Les retraites baissent depuis des années

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Prévoyance vieillesseLes retraites baissent depuis des années

La baisse des rentes est une réalité. Et la situation ne devrait pas s'améliorer pour les futurs retraités suisses.

L'AVS est comprise entre 1175 francs et 2350 pour une personne seule et est adaptée tous les deux ans.

L'AVS est comprise entre 1175 francs et 2350 pour une personne seule et est adaptée tous les deux ans.

photo: Keystone

Dans le débat en cours sur la Prévoyance vieillesse 2020 et l'initiative AVSplus soumise au peuple le 25 septembre, beaucoup s'inquiètent de la baisse de leurs rentes, actuelles ou futures. Une crainte justifiée, selon le syndicaliste Aldo Ferrari. La vice-directrice de l'OFAS Colette Nova est plus nuancée.

L'AVS: pratiquement tout le monde la touche (98,5%). Elle est comprise entre 1175 francs et 2350 pour une personne seule et est adaptée tous les deux ans selon un indice mixte tenant compte à part égale du renchérissement et de l'évolution des salaires. Le Conseil fédéral a décidé de ne pas l'augmenter en 2017 en raison de l'inflation nulle.

A la question de savoir si les rentes du 1er pilier ont perdu de la valeur entre 1980 et aujourd'hui, l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS) répond par la négative: «Le pouvoir d'achat d'une rente AVS est aujourd'hui supérieur à celui de 1980.»

L'AVS mieux indexée

L'AVS a en effet été mieux indexée en comparaison avec l'indice des prix, mais elle n'a suivi que partiellement l'évolution des salaires. Le retraité d'aujourd'hui a ainsi un taux de remplacement de son dernier salaire moins élevé que celui de 1980, explique l'OFAS.

Aldo Ferrari, vice-président d'Unia, précise: l'indice mixte ne prend pas en compte la hausse «vertigineuse» des primes d'assurance maladie. En 1975, on pouvait payer le loyer d'un deux pièces et son assurance maladie avec la moitié d'une rente AVS maximale. Aujourd'hui, ces deux postes coûtent plus des deux tiers de celle-ci.

Crises boursières

Quant à la prévoyance professionnelle (LPP), près de 66,8% des rentiers pouvaient compter dessus en 2012. Le capital des assurés (partie «obligatoire») est rémunéré selon un taux minimal. Ce taux d'intérêt est supérieur au renchérissement et à l'évolution des salaires, souligne Colette Nova.

En revanche, il n'y a pas d'obligation légale pour les caisses de pension d'indexer les rentes une fois qu'elles sont versées aux retraités. Cela dépend de la situation financière des institutions de prévoyance. Après les deux crises boursières des années 2000, l'adaptation des rentes au renchérissement a été rare, explique la vice-directrice de l'OFAS.

Reste la question du taux de conversion du capital en rente. Celui-ci a passablement baissé depuis les années 2000 pour la partie surobligatoire des salaires assurés. Les caisses ont en effet déjà pris moult mesures d'assainissement et de recapitalisation pour faire face à la baisse des rendements de capitaux et l'allongement de l'espérance de vie.

Non au «pillage des actifs»

Pour Colette Nova, on ne peut pas continuer de calculer les rentes du 2e pilier avec des rendements qui ne correspondent plus à la réalité. Les actifs devraient financer des retraites trop hautes.

«Il faut réduire les tranches mensuelles et accepter des cotisations salariales plus élevées pour maintenir le niveau des rentes du 2e pilier», explique-t-elle. «L'AVS a cependant aussi besoin de recettes supplémentaires pour que ses rentes restent sûres».

Mais elle tempère: dans le 2e pilier, le taux de rendement des placements financiers reflète la situation économique. S'il n'y a pas d'inflation, il n'y a pas de dépréciation. «Sur la durée, la réduction du taux de rémunération n'a rien de catastrophique pour les rentiers du point de vue purement économique», relève-t-elle.

Pour Aldo Ferrari, l'inflation depuis 2000 n'est pas si anodine que l'OFAS le laisse entendre. Elle était de 2,34% annuellement entre 1985 et 2000 contre 0,47% les quinze dernières années. Cela représente tout de même 7% depuis 2000. Beaucoup de rentiers ont vu leur pension LPP stagner par rapport au renchérissement.

AVS vs LPP

Aldo Ferrari voit mal la situation s'améliorer pour les futurs rentiers: «Ils seront de plus en plus nombreux avec un pouvoir d'achat réduit ce qui est un contre-sens économique».

Pour lui, il est évident qu'AVSplus est une réponse plus appropriée en termes de rapport coûts/prestations que d'investir dans le 2e pilier. L'AVS repose sur un financement solidaire des hauts revenus: comme il n'y a pas de plafond de salaire cotisant, l'assiette de cotisation salariale est très élevée, de l'ordre de 320 milliards.

Dans le deuxième pilier, toute une partie des salariés y échappent (temps partiel, chômage) et le salaire obligatoirement assuré est plafonné à 84'600 francs. Par comparaison, les salaires assurés au fond de garantie LPP (salaires jusqu'à 126'000 francs) sont de l'ordre de 130 milliards.

Mais pour Colette Nova, on ne peut pas à la fois augmenter les rentes AVS et renflouer les caisses du 1er pilier. «Ponctionner les salaires, relever la TVA, etc. Au final, ça coûte trop cher». (nxp/ats)

(NewsXpress)

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