Le peuple dit oui aux procédures accélérées

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Révision de la loi sur l'asileLe peuple dit oui aux procédures accélérées

La grande réforme portée par Simonetta Sommaruga et combattue par référendum par l'UDC a été acceptée ce dimanche par 66,8% des Suisses.

cht/nxp
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Les procédures d'asile peuvent être accélérées. La grande réforme de Simonetta Sommaruga a convaincu 66,8% de Suisses dimanche. Aucun canton n'a soutenu le référendum de l'UDC.

Avec la révision, tous les acteurs de l'asile devraient être réunis dans de grands centres fédéraux afin d'y mener les procédures plus rapidement et de libérer plus vite des capacités dans les 5000 places prévues. Pour garantir l'équité d'un traitement accéléré, les demandeurs d'asile bénéficieront d'une assistance juridique gratuite.

Une minorité de gauche s'était opposée au texte

Une fois n'est pas coutume, l'UDC n'a pas jeté tous ses moyens dans la bataille. Seul un petit clip de campagne décalé a dénoncé des «avocats gratuits» qui feront appel d'air. Le parti a pu compter sur le soutien des propriétaires fonciers alémaniques en brandissant la menace d'expropriations au profit de requérants d'asile.

A gauche, une minorité s'est opposée à la réforme, estimant les délais de recours prévus trop courts pour garantir les droits des requérants. Mais avec le gouvernement, tous les partis politiques, les cantons et les villes ont défendu une réforme qui devrait aider à affronter l'afflux de réfugiés.

Berne a voté pour la loi à 68,5%

Le peuple s'est laissé convaincre. Environ 1,616 million de personnes ont glissé un «oui» dans l'urne. Le camp du «non» a réuni quelque 804'000 votants.

Les plus enthousiastes ont été les Bâlois avec 74,1% de soutien, devant les Vaudois (73,5%) et les Neuchâtelois (73%). Les plus sceptiques sont les Tessinois (55,8%) talonnés par les Appenzellois de Rhodes-Intérieures (56%), les Obwaldiens (57,1%) et les Schwyzois (58,2%).

Juste après suivent les Genevois (59,9%), qui sont les plus réservés côté romand. Près de sept citoyens sur dix ont soutenu la révision à Fribourg (69,1%) et dans le Jura (68,9%). Les Valaisans suivent à distance avec 62,6% d'aval. A la frontière linguistique, Berne a voté pour la loi à 68,5%.

Concernés d'accord

Le oui l'a aussi nettement emporté dans des communes ayant un grand centre d'asile comme Vallorbe (67,6%) ou pressenties pour en accueillir un comme Chevrilles (53,5%) et Boudry (75,8%).

Jusqu'ici toutes les révisions de la loi sur l'asile ont passé sans encombre le cap du peuple. Il s'agit généralement de tours de vis votés par le Parlement sous la pression d'initiatives populaires de droite. L'UDC n'a en revanche jamais gagné avec une initiative ciblant uniquement l'asile.

«Victoire d'étape» pour les uns, «gifle» pour les autres

L''UDC n'est pas surprise par le peu d'attrait qu'a suscité son référendum. Pour Andreas Glarner (UDC/AG), en charge du dossier migratoire au National et tenant de la ligne dure de son parti sur les questions d'asile, «le Conseil fédéral a créé une machine de propagande et dupé le peuple suisse». La gauche pointe elle la défaite de l'UDC. Ce dénouement représente à la fois «une gifle» pour le parti référendaire et «une victoire d'étape» pour le PS et les Verts. «L'UDC n'a même pas réussi à mobiliser son électorat sur son thème-clé», a relevé la conseillère nationale Cesla Amarelle (PS/VD). Dans le même temps, les socialistes fêtent «une large victoire, fruit d'une longue campagne».

Après d'intenses débats, les Verts avaient eux préconisé un «oui critique» à la révision, convaincus notamment par l'argument de l'assistance juridique gratuite. Le conseiller national Balthasar Glättli (Verts/ZH) a rappelé que la loi induit bien des durcissements. C'est malgré tout «un oui pour une politique des solutions», a-t-il souligné. «Les Verts espèrent maintenir le compromis avec le centre-droit» pour mieux faire obstacle à l'UDC.

Du côté du PDC, on espère aussi que le consensus l'emportera dans les prochaines étapes du dossier migratoire. «A présent, la loi révisée doit être mise en oeuvre rapidement» pour permettre aux mesures de déployer leurs effets au plus vite, a indiqué Gerhard Pfister, président du parti, par voie de communiqué.

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