SuisseNouveau chef des jeunes UDC pour la fumette légale
Benjamin Fischer a repris le flambeau samedi. Il soutient la libéralisation du cannabis et le mariage homosexuel. Portrait.
Il a 24 ans, est officier à l'armée, titulaire d'un «Bachelor of Science in Business Administration» et, l'an dernier, est devenu le plus jeune élu au Grand Conseil zurichois. Benjamin Fischer a été élu samedi président des Jeunes UDC suisses. Lors de son discours inaugural, il n'a pas hésité à tacler la vieille garde du parti: «Il est important que nous restions la conscience du parti, si le succès rend les anciens paresseux et nonchalants.» Quelques jours auparavant, l'idée a en effet été évoquée, en plus de dissoudre la section UDC femmes Suisse, des les intégrer au «Mutterpartei».
«Pour le moment, je ne ressens aucune inertie. Mais le risque est grand de se reposer sur les succès», précise-t-il. Le rôle de la jeunesse est donc de maintenir la pression. Cela ne signifie toutefois pas qu'il faut défendre des thèses extrêmes: «A l'inverse des Jeunesses socialistes, qui sont encore plus à gauche que le PS, il s'agit de développer une politique plus pointue que celle de l'UDC classique.»
Parfois à droite, parfois moins
Sur l'immigration, la sécurité et les relations avec l'Union européenne, Benjamin Fischer suit les traces des «éléphants» du parti. La situation parfois tendue dans les écoles le préoccupe: «Il y a de plus en plus d'enfants d'origine étrangère dans les préaux. Des bandes se forment et les problèmes se règlent parfois par la violence. Certains élèves y développent alors des tendances d'extrême droite. Ni l'un ni l'autre ne devraient exister. Il faut parler ouvertement de ce qui s'y passe et ne rien minimiser», s'émeut-il.
En revanche, le Zurichois affiche des opinions plus libérales sur certains thèmes, à l'image des Jeunes libéraux-radicaux genevois, par exemple. Ainsi, il défend une légalisation du cannabis. «J'en ai déjà fumé, mais ce n'est pas pour moi. En tout cas, je peux dire que je sais de quoi je parle», plaisante-t-il. Il défend aussi le droit à l'adoption pour les couples homosexuels. «Je me reconnais dans le modèle familial traditionnel. Mais il faut admettre que la société actuelle n'est pas la même qu'il y a cinquante ans.»
En tant que président des Jeunes UDC, il promet qu'il défendra toujours l'avis de la base, quitte à se mettre en porte-à-faux avec ses convictions. «Cela pourrait être le cas avec l'interdiction de la burqa. J'ai du mal à imaginer que l'Etat impose un code vestimentaire. Il est toutefois vrai que nous devons nous demander comment délivrer les femmes de la pression de leur entourage», conclut-il.
En contact avec l'AfD allemand
Deux délégués de la jeunesse de l'Alternative für Deutschland (AfD), un parti aux idées proches de l'UDC et très en vogue avec la crise migratoire de ces derniers mois, ont assisté samedi à l'assemblée. «Ils voulaient en savoir plus sur le système suisse, c'est pourquoi nous les avons invités. Mais aucune coopération n'est prévue pour le moment, explique Benjamin Fischer, car la situation des deux pays est très différente.» En Allemagne, «Pegida a pu faire son nid, parce que le peuple doit mettre le poing dans sa poche. Chez nous, les citoyens ont la démocratie directe pour s'exprimer.»