«On la force à manger de la viande tous les jours»

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Tessin«On la force à manger de la viande tous les jours»

Un couple de Lumino (TI) ne consomme de la viande que toutes les trois semaines. Voilà pourquoi il aimerait que leur fille rentre tous les midis pour prendre le repas avec eux. Mais l'école refuse.

par
tab/ofu
Au Tessin, il est tout à fait normal que les enfants restent à l'école durant la pause de midi

Au Tessin, il est tout à fait normal que les enfants restent à l'école durant la pause de midi

Keystone

«On habite juste à côté de l'établissement scolaire. Pourquoi ma fille ne peut-elle pas rentrer manger à la maison à midi?» Voilà la simple question posée par une mère à l'école enfantine de Lumino (TI) et qui a mené au conflit entre la famille et les autorités.

Pour la surveillance scolaire du district de Bellinzone, la situation est limpide: «Nous ne pouvons pas accéder à la demande pour de nombreuses raisons, mais principalement parce que le repas de midi à l'école enfantine fait partie intégrante de l'éducation.» Une réponse que les parents n'ont pas voulu accepter: «La petite distance entre l'école et notre maison et le fait que ma femme ne travaille pas devraient déjà suffire. Mais il n'y a pas que ça», raconte mercredi le père à «20 Minuten». Nous sommes des flexitariens (lire encadré). Nous ne mangeons de la viande que toutes les trois semaines. Mais à l'école on lui sert de la viande presque tous les jours», explique-t-il et d'ajouter: «Nous bannissons le sucre industriel et les sucreries. Or, à l'école on sert des glaces aux enfants.»

«La fille est en bonne santé»

Mais le régime alimentaire de la famille n'est pas le seul argument avancé par le père. «Je pars de la maison à 7h30 et je rentre le soir à 22h15. Le seul moment que j'ai avec elle c'est à midi», affirme-t-il.

Interrogé, le directeur de l'école enfantine, Efrem Pedrazzi, explique que les enfants souffrant d'allergies ou de troubles alimentaires peuvent «bien évidemment» être dispensés des repas de midi. «Mais ce n'est pas le cas ici. La fille est en bonne santé et n'est allergique à rien.» Il rappelle également que les repas servis à la cantine sont contrôlés par les autorités cantonales.

«On ne peut pas tolérer ça»

Reste que pour les parents de la petite, ce n'est pas suffisant. Ils viennent désormais de déposer une plainte auprès du conseil d'Etat. «On force notre fille à manger de la viande. On ne peut pas tolérer ça», s'insurge le père. Quant à Efrem Pedrazzi, il préfère attendre la réponse du conseil d'Etat pour s'exprimer davantage sur cette affaire.

Stéphanie Hochstrasser, diététicienne auprès de la société suisse du nutrition, n'est pas étonnée par ce cas: «Le Tessin est un exemple à part en ce qui concerne les repas scolaires.» Selon elle, il est tout à fait normal que les enfants restent à l'école durant la pause de midi. «La famille semble avoir un grand problème avec les aliments servis à la cantine. Ça n'a rien d'anormal pour des personnes qui ont des idées très claires quant à leur alimentation», explique-t-elle. Stéphanie Hochstrasser n'a en revanche pas voulu évaluer si le comportement de la famille est justifié ou non.

A Genève, dix cantines scolaires ne servent pas de porc

La plus grande association genevoise de restaurants scolaires ne propose plus de porc aux élèves, apprenait-on en février de cette année. Dix cantines et 1200 enfants sont concernés, à Saint-Jean, Charmilles, Vieusseux et Liotard. Des raisons logistiques avaient alors été avancées: l'équipement des cuisines ne permet pas de préparer deux menus différents, rapportait «Le Courrier». Or, comme dans certains restaurants jusqu'à 40% des élèves ne mangent pas de porc, l'association avait donc choisi les repas qui pénalisent le moins d'enfants possible.

Plus de viande de porc à Binningen (BL)

Depuis la rentrée scolaire 2016, les élèves de l'école primaire de Binningen (BL) ne se font plus servir de viande de porc. Bernard Keller, responsable des écoles de la localité, explique que cette décision se base sur une enquête réalisée auprès des parents. Selon ce sondage, 5% des enfants ne souhaitent pas manger de porc. Il précise néanmoins que le traiteur ne doit pas pour autant cesser complètement de fournir des plats à base de viande de porc. S'il souhaite en servir, il devra offrir une alternative aux écoliers.

Flexitariens: des végétariens à temps partiel

Le flexitarisme est une pratique alimentaire qui est flexible sur le végétarisme. Concrètement, les adeptes mangent principalement végétarien, mais s'octroient, de temps en temps, un plat à base de viande, poisson ou autres produits animaux. «Généralement, les flexitariens se nourrissent de manière très équilibrée», explique la diététicienne Stéphanie Hochstrasser. «Ils mangent très rarement de la viande et quand ils le font, ils le font de manière très consciente.»

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