SuisseLes cours de natation pour musulmanes divisent
Le Conseil central islamique suisse fait de la publicité pour des cours de natation réservés aux musulmanes. Experts et politiciens craignent pour leur intégration.

La nouvelle offre s'adresse principalement aux femmes musulmanes issues de la migration, note le porte-parole du CCIS.
photo: KeystoneUne femme voilée se tient au bord d'une piscine et s'apprête à sauter dans l'eau. C'est avec cette image que le Conseil central islamique suisse (CCIS) fait actuellement de la pub sur son site pour la «première école de natation islamique de Suisse». Depuis début août, l'Ecole Zamzam propose des cours à Oensingen (SO) et Aarau (AG), exclusivement réservés aux femmes et aux enfants musulmans.
«Le but est d'apprendre à nager aux femmes et aux enfants musulmans de manière rapide et ludique», écrit le CCIS sur son site internet. Contrairement à d'autres écoles de natation, celle-ci a édicté des règles d'habillement bien précises: les femmes sont tenues de porter un maillot de bain intégral avec des leggings qui vont jusqu'en dessous des genoux.
«Les filles doivent pouvoir s'habiller comme tous les autres»
Saïda Keller-Messahli, présidente du forum pour un islam progressiste, ne salue pas la nouvelle offre: «Cette école tente d'attirer les enfants musulmans et de les couper rapidement du reste de la société.» Elle craint aussi que l'offre ne tente de remplacer les cours de natation obligatoires dans les écoles. «Participer aux activités scolaires est essentiel pour une bonne intégration», rappelle Saïda Keller-Messahli. «Les filles musulmanes devraient pouvoir s'habiller comme tous les autres enfants et ne devraient pas être tenues de porter un burkini.»
Le conseiller national Lukas Reimann (UDC/AG) craint lui aussi que les cours de natation pour musulmanes puissent servir à remplacer les cours proposés par les écoles publiques. «Une telle offre n'est tout simplement pas nécessaire en Suisse. Tous les enfants sont censés avoir les mêmes obligations à l'école», estime-t-il. Nadine Masshardt (PS/BE) est un peu plus nuancée dans ses propos. «Nous vivons dans un pays libre. Tout le monde a le droit de créer une école de natation. Mais ces cours doivent rester complémentaires à ceux proposés par les écoles», affirme la conseillère nationale.
Cours principalement destinés aux femmes
Interrogé par nos collègues de «20 Minuten», le porte-parole du CCIS, Qaasim Illi, précise cependant: «La nouvelle offre pourrait en effet servir à remplacer les cours de natation des écoles publiques.» Il rappelle néanmoins que les cours s'adressent en premier lieu aux femmes musulmanes issues de la migration qui n'ont jamais appris à nager.