DavosAppel pour le multilatéralisme lancé au WEF
Le président de la Confédération Alain Berset et le Premier ministre indien Narendra Modi ont jeté les premiers feux de l'édition 2018.
L'année 2018 doit être celle où l'on réaffirme l'importance de la collaboration internationale et du multilatéralisme, a déclaré mardi Alain Berset en ouvrant le WEF à Davos (GR). Le premier ministre indien a quant à lui fait part de sa préoccupation face à la récente vague protectionniste.
«Nous sommes confrontés à de multiples défis», a relevé le président de la Confédération à la tribune du Forum économique mondial (WEF). Parmi ceux-ci figure l'émergence d'instabilité dans de nombreuses régions du monde et des conflits armés qui durent, qui déstabilisent des sociétés et des économies entières. Ils aboutissent aussi à des déplacements massifs de population et entretiennent le terrorisme.
Sans oublier le changement climatique et les inégalités au niveau mondial. Pour réduire ces incertitudes et garantir la sécurité et le bien-être de la population, il faut un engagement fort des institutions internationales en faveur de la sécurité, de la paix, des droits de l'homme.
Et pourtant la tendance, dans différents endroits du monde, va dans le sens contraire, selon le socialiste: plutôt vers un repli sur soi, un regain des nationalismes et une certaine méfiance à l'égard du multilatéralisme et du libre-échange. Et ces évolutions contribuent à creuser les fractures plutôt que de les réduire.
Illusion entretenue
La forte croissance de l'économie globale entretient l'illusion que les mouvements nationalistes et protectionnistes ne sont qu'une phase transitoire. Mais ce n'est pas le cas, a mis en garde le président de la Confédération.
«Je suis convaincu qu'il faut au contraire promouvoir la collaboration internationale», a-t-il poursuivi. Pour soutenir les perspectives de stabilité politique, de bonne gouvernance et de développement économique. Parce que si la méfiance générale continue de s'accroître, ce sont justement les plus pauvres, les plus fragiles qui en seront les premières victimes.
Non à l'isolationnisme
Juste après l'intervention d'Alain Berset, le premier ministre indien Narendra Modi a eu l'honneur de prononcer le discours d'ouverture du WEF. Il a notamment fait part de sa préoccupation quant à la récente vague de protectionnisme.
«Les forces du protectionnisme se dressent contre la mondialisation», a-t-il souligné. «La solution à cette situation préoccupante n'est pas l'isolationnisme», a-t-il ajouté, sans toutefois citer Donald Trump. Extrêmement attendu, le président américain, chantre du protectionnisme, doit s'exprimer vendredi à Davos.
Concert des nations
Pour étayer ses propos, le premier ministre indien a cité Gandhi: «Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts, ni mes fenêtres bouchées, mais qu'y circule librement la brise que m'apportent les cultures de tous les pays».
Les négociations commerciales bilatérales et multilatérales semblent interrompues, a-t-il regretté. Il y a un ralentissement des investissements financiers transfrontaliers et l'expansion de la chaîne d'approvisionnement mondiale semble avoir ralenti, a-t-il ajouté.
L'an dernier, c'est le président chinois Xi Jinping qui avait eu l'honneur d'ouvrir officiellement le WEF. Il s'était fait l'apôtre du libre-échange. Arrivé lundi à Davos, Narendra Modi avait immédiatement fait savoir qu'il entendait signifier au monde entier »l'entrée de l'Inde« dans le grand concert des nations.
Croissance spectaculaire
Le premier ministre indien peut se targuer de bons résultats économiques. Le FMI a indiqué lundi que l'Inde se dirigeait vers une croissance de 7,4% en 2018 et que celle-ci atteindrait 7,8% l'an prochain.
L'Inde est en passe de supplanter le Royaume-Uni et la France pour devenir la cinquième plus grande économie mondiale l'année prochaine, selon une étude publiée fin décembre par le Centre for Economics and Business Research, un cabinet de consultants basé à Londres.
Le WEF déroule ses fastes jusqu'à vendredi. Quelque 3000 personnalités et dirigeants des milieux politiques, économiques et scientifiques sont attendus. Les organisateurs du WEF ont souligné la participation »sans précédent" de dirigeants mondiaux, parmi lesquels 70 chefs d'Etat ou de gouvernement. (nxp/ats)
Les citations de ce 23 janvier 2018
Tidjane Thiam, le patron de Crédit Suisse: «L'expérience m'a appris à ne jamais parier contre les Etats-Unis. Ce n'est pas une stratégie gagnante».