SuisseAuxiliaire de santé: filière réussie pour les réfugiés
Presque 90% des réfugiés sont à l'aide sociale en Suisse. Pour les aider, la Croix-Rouge forme certains au métier d'auxiliaire de santé. Avec succès jusqu'ici.

C'est un projet lancé en 2016 par la Croix-Rouge suisse (CRS) en partenariat avec le Secrétariat d'Etat aux migrations. Son nom? «SESAME». Son but? préparer les réfugiés reconnus et les personnes admises à titre provisoire à la formation d'auxiliaire de santé afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail.
Car la réalité des faits est là: près de 90% d'entre eux doivent avoir recours à l'aide sociale pour vivre en Suisse, rappelle le Tages-Anzeiger jeudi. Et en effet, l'Office fédéral de la statistique (OFS) a montré le 19 décembre dernier que 85,8% des réfugiés ont bénéficié de l'aide sociale en 2016, ce qui représente 7% des bénéficiaires totaux. Et le phénomène prend de l'ampleur: le taux d'aide sociale dans le domaine des réfugiés a pris l'ascenseur dans vingt cantons, selon l'OFS.
Le Tagis'est attaché à suivre Saikou Camara, un réfugié de Gambie de 29 ans, arrivé en Suisse il y a six ans. Il fait partie des quelque 500 participants qui ont pris part au projet SESAME de la Croix-Rouge d'ici fin 2018 et travaille dans un home pour personnes âgées de Köniz, près de Berne. Car le canton de Berne est pionnier en la matière. C'est là que la CRS développe son programme spécial de formation pour les réfugiés.
Saikou Camara a effectué avec 11 autres participants un stage de 4 mois en économie domestique dans son EMS, tout en suivant parallèlement des cours d'allemand intensifs. Ses activités principales sont le nettoyage et les travaux domestiques. But: que chacun puisse apprendre suffisamment la langue et s'habituer à l'environnement infirmier. Cette combinaison est la clé du succès du projet, explique Barbara Zahrli, responsable de l'éducation à la Croix-Rouge du canton de Berne.
Une formation bien encadrée
Seuls ceux qui ont réussi à améliorer leur niveau de langue de A2 à B1 peuvent ensuite commencer leur formation d'auxiliaire de santé pour aider et motiver les pensionnaires du home dans leurs activités quotidiennes. Un stage qui dure cette fois 6 mois et comprend les soins personnels, la prise des repas, l'entraînement physique, et les conversations avec les résidents âgés. La formation, qui ne comprend toutefois pas de soins médicaux, est étroitement surveillée, explique le Tagi, et des contrôles de qualité sont effectués plusieurs fois par jour par le personnel infirmier.
Pour l'instant, la méthode est un succès et est appréciée de tous, y compris des résidents. Même l'Association suisse des infirmiers et infirmières, qui avait émis des réserves et des conditions au début du projet, se félicite du projet.
Et celui-ci porte ses fruits pour les réfugiés. Ainsi, raconte le Tagi, Saikou Camara a obtenu son titre d'auxiliaire de santé après seulement 12 mois de formation. Son certificat est reconnu dans toute la Suisse et il peut désormais postuler dans les homes de tout le pays. Mais l'établissement de Köniz où il travaille tient à le conserver. Du coup, le jeune Gambien s'est fixé un nouvel objectif: devenir employé spécialisé en santé, un titre qu'il obtiendra au prix de nouveaux mois de formation.